Devant les graves et préjudiciables accusations concernant la sauvegarde du patrimoine, suscitées lors de la séance de l'APN du 19 janvier et largement reprises par la presse nationale, nous avons l'honneur de porter à votre connaissance les précisions suivantes : Rappelons que le site de Mankhor, qui est un cimetière de bœufs, a été fortuitement découvert lors d'une mission d'inventaire de l'OPNT en 1994. Un programme de sauvetage a été initié par l'OPNT qui a sollicité le CNRPAH et l'Institut Frobenius. Une autorisation a été délivrée par le ministre de la Culture suite à l'accord du directeur du patrimoine de l'époque. Une convention a été signée avec le CNRPAH et une autre avec l'Institut Frobenius pour mener un travail d'inventaire dans une région fragile. L'implication du CNRPAH au projet obéissait aux soucis de redéploiement de recherche à l'échelle nationale par la mise en place d'équipe pluridisciplinaire dans le cadre interinstitutionnel et intersectoriel. Pour commencer les travaux, des aides ont été demandées au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et à la délégation algérienne auprès de l'Unesco qui a fourni le matériel pour le projet. Il faut souligner que durant cette période sensible toutes les missions sur le terrain ont été entreprises avec l'accord et l'accompagnement des services de sécurité. La Gendarmerie nationale a été de toutes les missions avec un détachement d'une dizaine d'éléments. Le matériel récolté à Mankhor, qui est constitué dans sa totalité de restes osseux, a été déposé au CNRPAH où il a été étudié. Il est à ce jour dans les locaux du CNRPAH. Les échantillons sortis sont des débris osseux et non pas des œuvres d'art comme rapporté, et correspondent aux 11 dates obtenues (datations au collagène) au laboratoire de Jussieu-Paris, à raison de 200 grammes par échantillon. Ce type d'analyses n'existe malheureusement pas dans notre pays. Par ailleurs, le seul matériel archéologique sorti consiste en tessons de poterie, expatriés en France en vue d'une restauration, et la poterie obtenue a été rapatriée et déposée à l'OPNT. Dans le rapport de passation de consigne entre l'ancien directeur du parc et le nouveau directeur, qui se trouve être actuellement le directeur du patrimoine culturel du ministère de la Culture, la fouille de Mankhor a été un des points inscrits sans qu'aucune réserve ne soit formulée par ce dernier. Aussi, les 23 caisses ou sacs sont une pure affabulation et le chiffre a été inventé délibérément par certains « conseillers » afin de se faire valoir et de nuire à la réputation des mis en cause. C'est faire insulte à notre ministère de la Culture et à notre Douane que de penser qu'un volume aussi important « d'objets » ait pu passer inaperçu. Tous les relevés, rapports, photos ont été systématiquement déposés auprès de l'OPNT. Sur le plan scientifique, la fouille de Mankhor a permis l'identification paléontologique des restes osseux. Les résultats ont fait l'objet de rapports, de conférences et de publications (préhistoire, anthropologie, stratigraphie, paléontologie). Un volet scientifique parallèle s'est attaché à l'étude anthropologique de la région de Djanet et du Tassili. Notons que le projet à également permis une formation à des cadres de l'OPNT. A l'issue des travaux, le site a été protégé par les membres de l'équipe d'une clôture dans une perspective d'un aménagement plus durable. Au vu de tout ce qui précède, nous ne pouvons qu'être indignés par les mensonges rapportés. Oui, le patrimoine doit être sauvegardé et nous avons œuvré dans ce sens durant toute notre carrière professionnelle. N'a-t-il pas été déclaré « Zone protégée » en 1972 et classé « Patrimoine universel » en 1982 par nos soins ? Il ne peut être préservé par l'invention d'histoires scabreuses qui masquent l'incompétence de ceux qui les créent. Aussi, nous appelons de tous nos vœux une commission d'enquête afin de situer les responsabilités de chacun et d'évaluer l'état actuel du patrimoine naturel et culturel du Tassili. A tout le moins, il est étonnant que des pans entiers de l'appareil de l'Etat, les ministères des Affaires étrangères, de l'Intérieur, de la Culture et les services de sécurité, aient failli dans cette affaire. Quant à nous, nous nous réservons le droit de faire rétablir la vérité par les voies et moyens adéquats. Convaincus que vous avez été induite en erreur, nous tenons à votre disposition tous les documents relatifs à ce projet. Veuillez croire, Madame la Ministre, à l'expression de notre haute considération. L'ex-directeur de l'OPNT L'ex-directeur du CNRPAH L'ex-directeur du projet Mankhor