Ces responsables ainsi que des chercheurs, a t-elle révélé, ont participé à ce pillage en faveur de l'institut allemand Frobenius. La ministre de la Culture, Khalida Toumi, a fait d'importantes révélations jeudi dernier, à l'Assemblée populaire nationale (APN) sur l'affaire du pillage des objets archéologiques du Tassili. Répondant à la question d'un député, à l'occasion d'une séance plénière consacrée aux questions orales, sur le contenu d'une convention conclue entre l'office du Parc national du Tassili et l'institut allemand Frobenius, Khalida Toumi a tout d'abord rappelé les faits : “Cette convention de coopération, signée à Frankfurt en août 1994, porte sur la réalisation d'un programme de recherche qui devait aboutir à des mesures de conservation et de valorisation des biens culturels et naturels du Parc national du Tassili”, dit-elle d'entrée. “Or, l'analyse de l'état d'exécution de la convention fait ressortir que l'Algérie, à travers l'office du Tassili, n'a bénéficié d'aucun avantage, mais bien au contraire, s'est faite dépossédée de son patrimoine avec le consentement de certains responsables d'institutions sous tutelle du ministère de la Culture et la caution de chercheurs affiliés à une institution de recherche”. Pointant un doigt accusateur en direction de l'office du Tassili, la ministre indiquera qu'à travers cette convention “l'office du Tassili, qui n'est pas une institution de recherche, a ouvert le terrain de la recherche à son partenaire allemand grâce à une autorisation de fouille archéologique sur le site de Mankhor, dans le Tadrart, demandée et obtenue du ministère de tutelle, au non de l'office du Tassili au bénéfice de chercheurs algériens identifiés par leur nom et relevant d'une institution de recherche”. Sur un ton grave, la ministre dira étonnée : “Nous ne comprenons pas comment ni pourquoi cette autorisation a été demandée par l'office du Tassili, qui n'a pas la prérogative de recherche, alors qu'elle aurait due être demandée par l'institut Frobenius dans le cadre de la convention.” Aussi et six mois après l'autorisation délivrée à Frobenius, le 18 juillet 1995, l'Office national du Tassili, signe une convention-cadre avec un autre centre de recherche, algérien celui-là, en l'occurrence le CNRPAH, dont les objectifs et l'objet d'étude sont similaires à Frobenius : la fouille archéologique de Mankhor. La ministre révélera à ce sujet que “le CNRPAH s'est passé d'autorisation de fouilles puisque celle-ci avait été indûment demandée, six mois auparavant, par l'office du Tassili et par le plus grand des hasards au profit de deux chercheurs du CNRPAH”. La ministre, qui avoue ne pas comprendre pourquoi ce dossier a été géré avec autant de complexité, s'interroge sur les raisons qui font que “les deux institutions de recherche, algérienne et allemande, ont effectué des fouilles sans avoir à demander des autorisations en leur nom propre”. Relevant les similitudes entre Frobenius et le CNRPAH, la ministre notera, d'une part que durant la période des fouilles, jusqu'en avril 1997, “des autorisations d'exportations et de missions de recherches sont délivrées par l'office du Tassili et dans lesquels apparaissent les chercheurs relevant de l'institut allemand et aussi des chercheurs français et algériens”. Dans ces autorisations, il est mis en évidence, d'autre part qu'“un chercheur algérien, l'un des deux bénéficiaires de l'autorisation de fouille, apparaît comme chercheur relevant tantôt du CNRPAH et tantôt comme chercheur auprès d'une université allemande”. Khalida Toumi, qui dit détenir l'ensemble du dossier retraçant l'affaire, notera que “ce même chercheur qui est autorisé à plusieurs reprises par l'office du Tassili à exporter du matériel archéologique à des fins d'analyse et d'étude apparaît dans toute cette confusion comme le seul lien entre les deux conventions”. Dans le même ordre d'idées, l'intervenante révélera que l'office du Tassili a autorisé les chercheurs de Frobenius à “exporter au moins 23 sacs d'échantillons d'ossements à des fins d'analyse, dont il n'a jamais été dressé un inventaire”. N. M.