L'audience a été reportée au 13 mai 2007. Viendra t-elle, ne viendra t-elle pas? Il s'agit de la ministre de la Culture sans laquelle ce procès aurait pris moins d'ampleur. Mais, voilà, Mme Khalida Toumi est citée à comparaître et cela suffit largement pour que l'affaire soit aujourd'hui sous les feux de la rampe. A l'origine de cette triste histoire, des conventions passées entre l'institut allemand Frobenius, l'Office du parc national du Tassili (Opnt) et le centre de recherches préhistoriques (Cnrpah). Ce qui devait rester strictement dans le domaine scientifique, s'est soudainement transformé en affaire d'Etat. Des échantillons de débris d'ossements rassemblés dans 23 sachets, de 200 grammes chacun devaient être soumis à un procédé chimique pour être datés. Ils se sont transformés en «caisses» d'objets archéologiques d'art transférés à l'étranger avec la complicité de chercheurs algériens qui ont participé à la fouille de Mankhor (Tassili). La presse, pratiquement dans son ensemble, s'en est emparée. Cependant, l'article jugé diffamatoire, émane d'un ex-journaliste C. B. du quotidien Ech Chourouk qui en a fait de larges commentaires. Ce qui lui vaut d'avoir été cité à comparaître, hier, au tribunal d'Alger en compagnie d'Ambès Hocine, désormais ex-directeur de l'Opnt désigné à la tête de la direction de la Culture de Tipaza. La logique aurait voulu qu'il réintègre son poste d'origine au Cnrpah. S'agit-il d'une disgrâce? La ministre de la Culture s'est-elle rendu compte qu'elle a été induite en erreur? Ce qu'ont toujours affirmé les chercheurs algériens incriminés dans cette affaire. Le scandale est arrivé par le biais d'un député d'El Islah, probablement instrumentalisé. La ministre de la Culture a porté l'affaire au sein même de l'Assemblée nationale. Cette affaire avait été qualifiée de seconde «affaire Khalifa» par l'élu du peuple. Depuis, silence radio. L'arroseur aurait-il peur d'être arrosé? Pour quel délit sera éventuellement poursuivi l'élu d'El Islah dans le cas de sa non-réélection le 17 mai? La justice tranchera. «Nul n'est au-dessus de la loi», a souvent clamé le président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, qui tient à instaurer un véritable Etat de droit. M.Betrouni, en sa qualité de directeur du patrimoine culturel et responsable de l'ex-directeur de l'Opnt, Ambès Hocine, est, lui aussi, cité à comparaître. C'est le rapport signé par ce dernier et adressé au ministre de la Culture de l'époque (2001), qui a mis le feu aux poudres. «Nous avons tendu la main à la ministre de la Culture à travers un communiqué de presse afin de faire la lumière sur cette affaire, sans aucun succès», lâche un des plaignants. «Nous nous sommes mis au service de l'Etat, de l'Algérie. Pour rien au monde, nous ne trahirons notre pays. nous avons des principes. On a porté atteinte à notre dignité et à notre honneur. Nous comptons bien laver cet affront», poursuit M. Saoudi, chercheur au Cnrpah. La justice fera ce qu'elle jugera nécessaire de faire. Des révélations fracassantes pourraient être livrées au cours des prochaines audiences. Un retour de manivelle qui risque de laisser quelques-uns sur le carreau.