Jamais la ville de Hassi Messaoud n'aura connu une situation environnementale aussi lamentable que ces derniers mois. La capitale du pétrole arbore le visage hideux d'une ville doublée d'une zone industrielle où les déchets de toutes sortes s'étalent à perte de vue tant dans le périmètre urbain que dans la zone industrielle.Et comme le disait il y a plusieurs années Kamel Guerd, l'ex-élu de l'APC de Hassi Messaoud, «Si un prix de l'insalubrité devait être décerné à une ville, c'est incontestablement Hassi Messaoud, qui l'obtiendrait et haut la main !». Autant dire que rien n'a été fait pour changer l'ordre établi, un ramassage inefficace malgré le découpage de la ville en districts dans la cadre de l'attribution de mini-marchés de l'enlèvement des ordures à des privés du temps de l'APC dissoute et une zone d'activités et industrielle livrées à elles-mêmes tant et si bien que les décharges sauvages prolifèrent à la limite du tissu urbain et sur les axes menant à l'aéroport Krim Belkacem, ainsi que les grandes bases de vie appartenant aux sociétés nationales et étrangères au cœur d'Oued Irara, mais aussi sur la route d'In Amenas et même celle de Touggourt comptant Haoudh El Hamra au point kilométrique 25 et la future nouvelle ville de Hassi Messaoud à 80 km. La gestion délétère des déchets dans une zone aussi sensible n'a été prise en compte qu'en 2010 dans le cadre du lancement des études techniques pour la réalisation d'un centre d'enfouissement technique dans la zone de Hassi Khouildat, à quelque 16 km de Hassi Messaoud. Les études ont été réalisées depuis, mais une année après rien n'augure d'un lancement imminent des travaux de réalisation de ce qui est qualifié de joyau environnemental, sachant que le premier projet du même ordre réalisé à Ouargla dans la zone de Bamendil sur une surface de 20 ha et comptant des bassins, des espaces d'enfouissement des déchets et des ateliers mécaniques de réparation des équipements ont accusé un retard de plusieurs années. Le centre d'enfouissement de Ouargla qui devait inaugurer une nouvelle ère de gestion plus respectueuse de l'environnement dans cette wilaya saharienne a en fait démontré, si besoin est, que rien n'a changé en matière de réalisation de projets pompeusement inaugurés et dont l'impact réel ne se fait point remarquer sur le terrain. Cherif Rahmani avait noté les imperfections de ce premier projet et insisté en juin dernier sur la nécessité de rectifier le tir et mieux amorcer les projets de Hassi Messaoud et de Touggourt qui seront également dotés de systèmes d'incinération à la pointe de la technologie pour minimiser les effets sur l'environnement. Pour l'heure, on sait au moins à quoi s'en tenir depuis l'élaboration de schémas directeurs de gestion des déchets ménagers des trois grandes agglomérations de la wilaya de Ouargla qui font état, selon des chiffres datant de 2010, d'une quantité impressionnante de déchets domestiques à travers une wilaya de 602 000 habitants qui en produit quelque 262 tonnes/jour et à 90 670 tonnes/an. Ouargla, chef-lieu de wilaya, se taille la part du lion avec 50 600 tonnes, Touggourt 30 370 tonnes, tandis que Hassi Messaoud, elle, produit 9700 tonnes/an de déchets ménagers. Mais ce qui fait la particularité de cette zone pétrolière, c'est bien la pollution atmosphérique et les déchets industriels non quantifiés ou du moins non divulgués. Au moment où le secteur des hydrocarbures veut se réapproprier le champ pétrolier de Hassi Messaoud en maîtrisant son expansion sauvage via un gel par décret, il faut savoir que la région connaît une prolifération alarmante des bourbiers pétroliers qui engloutissent des centaines de dromadaires en transhumance chaque année. Quant à la pollution atmosphérique et émissions de gaz à effet de serre, le secteur annonce des investissements colossaux dans le cadre d'un programme de réduction des gaz torchés grâce à la réalisation d'unités de traitement, de récupération, d'expédition et de réinjection de gaz au niveau des sites pétroliers et gaziers mais des spécialistes affirment qu'un gros effort reste à faire à Hassi Messaoud, où les pollutions pétrolière, domestique et sanitaire (puisque l'hôpital n'a pas d'incinérateur au jour d'aujourd'hui) ne sont pas encore maîtrisées au moment où le nombre de résidents dépasse les 62 000. Alors que la délocalisation semble reportée aux calendes grecques, l'inquiétude grandit quant à la prolifération de problèmes de santé publique dans une daïra qui n'a d'hôpital que le nom.