Les régions de toute la wilaya sont envahies par des ordures, des restes de chantiers et autres déchets. La protection de l'environnement et la prise en compte de la donne environnementale restent les points faibles de la wilaya de Ouargla qui, malgré son statut de première zone pétrolière du pays, reste très en retard dans ce domaine. Une simple virée dans les grandes agglomérations de la wilaya confirmera l'état catastrophique de l'environnement, à commencer par Hassi Messaoud où les bourbiers pétroliers font tache d'huile et emportent chaque année des centaines de chameaux en transhumance dans des conditions de douleur effroyables en passant par les déchets solides et ménagers qui foisonnent aussi bien dans la zone industrielle que dans le périmètre urbain. A Touggourt, où le problème de l'enlèvement des ordures reste tout aussi posé, une remontée spectaculaire des eaux salines chaudes envahit les nouveaux lotissements emportant chaque année de jeunes victimes parmi les enfants. L'éclairage de la RN3 qui traverse la ville de Touggourt reste un problème majeur qui entrave l'aménagement et insécurise toute une partie de la ville où foisonne le scorpion. La décharge sauvage de Sidi Mahdi qui jouxte l'aéroport du même nom alors qu'une zone d'expansion touristique est prévue à côté reste un point noir pour les gestionnaires successifs de cette ville dont la priorité n'est certes pas l'hygiène publique. A Taïbet où la remontée des eaux reste posée, la recrudescence des cas de trachome et de leishmaniose cutanée ces deux dernières années est à elle seule un indicateur suffisant de l'état de l'environnement. Idem à El Hadjira qui demeure la daïra la moins lotie de la wilaya en matière d'hygiène vu les cas de leishmaniose et d'envenimation scorpionique y prévalant. Quand le nombre de personnes atteintes de leishmaniose dépasse le millier et que le scorpion sévit avec plus de 5000 piqués par an, ceci nonobstant l'invasion de moustiques et de mouches vécue par la population ces deux dernières années, il est plus que temps de tirer la sonnette d'alarme en ce début d'été. Ce décor peu flatteur est encore exacerbé au niveau du chef-lieu de la wilaya de Ouargla où la palmeraie traditionnelle, véritable poumon de la cuvette de Ouargla, vit une invasion sans précédent des restes de chantiers et autres déchets qui s'amoncellent sur les rives des axes principaux en toute impunité. En matière de contrôle et de dissuasion, inutile de chercher trop loin, des camions entiers sont déversés sur les rives du chott Aïn Beïda aux abords d'une palmeraie en asphyxie qui se transforme en cimetière de gravats et regards d'égouts entiers et autres grosses pièces de murs arrachés. La géo membrane en mauvais état Le constat est effarant et rien n'augure d'un changement imminent si bien que la dernière visite du ministre de l'Environnement s'est vite transformée en une excursion à travers des dunes d'ordures tout au long des 20 km séparant la ville de Ouargla du centre d'enfouissement technique intercommunal de Bamendil. De virages en descentes, le point de la visite organisée lundi dernier offrait à la délégation la triste image du nouveau Ouargla, la ville d'El Khafdji qui se situe non loin du centre d'enfouissement technique inscrit en 2006, réalisé en 2009 et qui ne fonctionne pas encore en 2011. Il est d'ailleurs étonnant de constater que la quasi-totalité de la route y menant est constituée d'ordures de toutes sortes et qu'un poste de police censé détourner ceux qui veulent se débarrasser de leurs décharges ne fasse rien contre. L'état dramatique de la Géo membrane qui est la partie maîtresse du projet a fait réagir le ministre qui a demandé en premier lieu un nettoyage à fond de la zone en question et de finaliser au plus vite les travaux de réalisation de ce projet qui cumule quatre années de retard alors qu'il devrait couvrir la totalité des cinq communes de la cuvette de Ouargla, à savoir Ouargla, Rouissat, Sidi Khouiled, Aïn Beïda et Hassi Ben Abdallah comptant quelque 220 000 habitants. C'est finalement la conformité de ce centre par rapport aux vents dominants et son emplacement périurbain sur la route d'une ancienne décharge sauvage qui est contesté par le ministre de tutelle. Une commission ministérielle devra se rendre cette semaine à Ouargla pour la vérification de la conformité de ce centre, le premier d'une série de trois que la wilaya de Ouargla attend depuis plus de cinq ans. Autant prendre son mal en patience et ne plus s'offusquer par tant d'ordures dans les villes et les axes routiers de la wilaya. Pourtant, en tant que première zone pétrolière d'Algérie, Ouargla devrait donner l'exemple en matière de protection de l'environnement. Et si elle doit être un label, il doit être vert.