Les chevillards des abattoirs du Ruisseau ont reçu l'ordre de quitter les lieux, mais ils refusent de se soumettre à l'injonction l La wilaya leur avait adressé un ultimatum, les sommant de sortir juste après l'Aïd. Les commerçants ont pris la décision de rester au Ruisseau car aucune alternative valable ne leur a été proposée. La wilaya veut les répartir dans les abattoirs communaux d'El Harrach et Rouiba, mais ces structures sont incapables d'accueillir les 1200 intervenants actuellement en activité. En plus de la surcharge et du manque d'hygiène qui en résulteront, l'arrivé massive de grossistes favorisera la spéculation, donc la flambée des prix», résume Hadj Tahar Boulenouar, porte-parole de l'Union générale des commerçants algériens (UGCAA), qui héberge l'association des chevillards et opérateurs, installés dans l'établissement presque centenaire du Ruisseau. Mohamed Tahar Ramram, président de l'association assure que cette décision «irréfléchie et contradictoire» de la wilaya aura des conséquences graves. «Le ministre de l'Agriculture a promis que les opérateurs du Ruisseau ne sortiront qu'une fois une structure adéquate aménagée. La wilaya a décidé de passer outre la décision de la tutelle et veut se débarrasser de nous. Les autorités veulent que les grossistes aménagent des espaces comme ceux de Semmar et Hamiz», se désole M. Ramram. Le coût social de la délocalisation est important. «Des emplois directs et indirects vont être supprimés et beaucoup de métiers disparaîtront tels les bergers, les égorgeurs, les traiteurs de triperie, les marchands d'abats, les traiteurs de boyaux. Où la wilaya compte-t-elle mettre tout ce beau monde ?», s'interroge M. Ramram. Graves conséquences sur la santé L'Association des chevillards, qui a adressé un courrier au ministre de la Santé, dont nous détenons une copie, assure que les abattoirs municipaux sont l'unique infrastructure remplissant «un tant soit peu» leur fonction en conformité avec les normes et les conditions d'hygiène. «La réception des animaux, leur entreposage et la traçabilité des produits sont garantis. Les équipement dont disposent les abattoirs, dont des chambres froides, permettent un ressuage post-mortem et d'éviter une altération du produit, source de toxi-infections alimentaires qui peuvent dans certains cas (enfants et personnes âgées) entraîner la mort», peut-on lire dans le document. Les abattoirs gérés par l'Etat ou le privé, comme celui d'El Harrach, où pourraient être transférés les commerçants, manquent de commodités. «La réception des animaux se fait dans des stalles non adaptées, avec l'absence de berger et le manque d'espace. La saignée se fait dans une salle inadéquate où l'espace et l'hygiène manquent terriblement. L'inexistence de la chaîne de froid pourrait avoir pour conséquence une tragédie comme celle du fabriquant de cachir, en juillet 1998, qui s'est soldée par 23 décès», poursuit-on