La situation s'aggrave de plus en plus au niveau du service d'oncologie de l'hôpital Belloua, relevant du CHU de Tizi Ouzou. Les malades et le personnel de cette structure lancent un véritable cri d'alarme. «La situation est plus qu'intenable. Le personnel ne cesse de subir un véritable calvaire pour prendre en charge les patients, alors que notre service n'arrive pas à satisfaire toute la demande, surtout avec les soins palliatifs et les urgences. On a enregistré 1092 cas depuis le début de l'année», lance une infirmière. Le constat est alarmant. A défaut d'une salle d'attente spacieuse, nous avons trouvé des malades parqués sur les escaliers, attendant leur tour pour une séance de chimiothérapie. «Il faut venir à 6 h du matin pour pouvoir trouver une place avant 11 h. On est en train d'attendre ici car, il n'y a pas de place à l'intérieur du service», nous a expliqué un malade venu de la région d'Ath Douala. Un autre fulmine : «C'est vraiment le désespoir. J'ai fait plus de 40 kilomètres et je risque de ne pas avoir la place, aujourd'hui, pour une séance de chimiothérapie alors que j'ai dû payer un taxi à 1400 DA. Je ne sais plus quoi faire devant pareille situation. Il n'y a pas de médicaments et la prise en charge laisse à désirer», ajoute ce citoyen de Draâ El Mizan. A l'intérieur des salles exigües, trois femmes allongées, attendent le passage du médecin pour la visite quotidienne. «On espère que les choses changent, car, avec cet état de fait on est pénalisé. Le personnel fait de son mieux pour nous aider mais il n'en peut plus», déplorent-elles. Un médecin avoue que le service en question est dépassé et souvent submergé de patients. «La situation est catastrophique. Il y a plus de malades que d'espace. Il y a des problèmes de radiothérapie et des ruptures fréquentes de stock de médicament. Rares sont les malades qui ont reçu la chimiothérapie dans les normes». «Les malades deviennent agressifs quand ils trouvent pareilles conditions. J'ai été agressé par un malade à qui je voulais dire qu'il y a un manque de place pour prendre en charge tout le monde», nous dira un infirmier qui ajoute : «c'est difficile de convaincre des citoyens qui viennent, dans la plupart des cas, des régions éloignées». Le chef de service, le professeur Ferhat, estime lui aussi, que son personnel fait de son mieux pour satisfaire toute la demande mais, malheureusement, il fait face à un afflux considérable de malades, qui dépasse largement les capacités d'accueil de la structure. Il a relevé par ailleurs, le manque de médecins spécialistes et de paramédicaux. Le service d'oncologie de l'hôpital Belloua, ouvert en juillet 2006, dispose seulement de 12 lits d'hospitalisation et 20 fauteuils pour l'hôpital du jour. «On accueille environ 1500 nouveaux cancéreux chaque année. On prend en charge les malades de Tizi Ouzou, de Boumerdes, de Bouia, Béjaïa et même parfois ceux des autres wilayas. L'administration ne ramène pas de molécules. Dernièrement, on a reçu seulement 15 boites de Xeloda, un médicament inévitable pour les cancéreux. On a eu du mal à les distribuer», nous a-t-il précisé. Sur un autre chapitre, le Professeur Ferhat a souligné qu'un tiers du nombre des malades arrive avec une pathologie ayant atteint un stade grave, notamment chez les femmes souffrant du cancer du sein. Selon lui, la liste d'attente s'allonge de plus en plus, alors que sa structure «ne peut pas prendre en charge de nouveaux malades jusqu'au feu vert de l'administration».