D'Est en Ouest et du Nord au Sud du pays, l'absence criarde et la sous-qualification de la main-d'œuvre locale versée dans les métiers du bâtiment sont autant de facteurs de la crise majeure vécue par ce secteur stratégique, pourtant soulagé, depuis quelques années, des lourdes contraintes vécues par le passé, le financement et la disponibilité des matériaux de construction. Les contraintes ayant tout simplement changé de nature, aujourd'hui nombreuses sont les entreprises engagées dans ce challenge à marquer le pas, faute cette fois-ci d'une main-d'œuvre qualifiée. Et pour les entreprises les moins performantes et les moins innovantes, qu'elles soient publiques ou privées, la sous-qualification de la main-d'œuvre est le bouc émissaire justifiant le non-respect des délais de réalisation et les autres carences qui pénalisent ce secteur. A Constantine, l'exemple le plus frappant est illustré par les chantiers titanesques lancés au niveau de la nouvelle ville Ali Mendjeli et celle de Massinissa à El Khroub où de nombreuses entreprises sont pointés du doigt, généralement pour stigmatiser la mauvaise qualité des travaux de finition. Sur cet échiquier, où de nombreuses entreprises risquent d'être mises en échec, le secteur de la formation professionnelle constituerait, selon Hafid Idres, directeur central chargé de l'organisation et du suivi de la formation au ministère de tutelle, « le réceptacle idéal pouvant faire face à la forte demande en main-d'œuvre qualifiée par des mesures d'accompagnement des entreprises en bâtiments dans leur processus de mise à niveau à travers, d'une part l'amélioration de leur rendement grâce à une meilleure qualité de service, d'autre part par le renouvellement de leur main-d'œuvre. Et dans ce cadre, il existe des capacités réelles de formation en mesure de prendre en charge tout un éventail de spécialités se rapportant à l'activité du bâtiment. A ce propos, il faut savoir que les effectifs d'apprentis inscrits jusqu'à aujourd'hui dans les filières du bâtiment représentent un petit taux de 4,78% par rapport aux offres de formation et aux opportunités de placement ». A partir de ce constat, mettant en évidence un gisement inexploité de postes de formation en apprentissage au profit d'un secteur en quête perpétuel de main-d'œuvre qualifiée, ce dernier estime « qu'il est urgent que l'ensemble des acteurs se concertent afin de mettre en place une stratégie en établissant notamment un partenariat structuré, en aérant le potentiel de formation par apprentissage et en mettant en place un ensemble d'indicateurs susceptibles d'assurer une visibilité sur les tendances de l'évolution de la structure de l'emploi dans le secteur du BTP ». S'appuyant sur les récentes mesures prises conjointement par les deux parties en présence, le représentant du ministre de la Formation et de l'Enseignement professionnels se réjouit de « la mise en place d'un comité national de la branche professionnelle du bâtiment dont le rôle sera d'adapter les formations dispensées dans les nouvelles technologies et techniques de construction et de diversifier les filières et spécialités du bâtiment ». Explorant plus en avant cette logique de formation par apprentissage, ce dernier fonde de grands espoirs dans « le projet de mise en œuvre des chantiers écoles qui constitueront de grands sites de construction où les stagiaires, encadrés par des formateurs, seront mis en situation réelle de travail ». Et dans ce contexte, les chantiers ouverts à Constantine offrent d'immenses opportunités à saisir, selon notre interlocuteur, qui assure à ce sujet que son département « est tout à fait favorable pour mettre à la disposition des entreprises du bâtiment une banque de données sur les filières de la formation professionnelle dans les métiers du bâtiment ». Ceci dit, Hafid Idres ne perd pas de vue le fond du problème et il tient à le rappeler : « Il est important de souligner qu'en termes d'emploi dans le secteur de l'habitat et de la construction, si les potentialités offertes sont de plus en plus grandes, elles ne sont pas moins conditionnées par des exigences de qualification incontournable qu'une tranche importante d'ouvriers en bâtiment ne remplit pas. »