Des associations et des mouvements sociaux d'Afrique du Nord, d'Afrique subsaharienne et d'Europe se sont donné rendez-vous le 22 novembre dernier pour une mobilisation citoyenne à Dakar (Sénégal) en faveur de la libre circulation des personnes. Leur objectif : interpeller l'opinion publique nationale et internationale sur les enjeux et défis de la migration dans un contexte de crise économique mondiale, et rappeler les attentes des sociétés civiles européennes et africaines. Cette action, qui exhorte encore fois l'Europe à une nouvelle vision de la problématique migratoire, a été lancée à la veille de la tenue de la troisième Conférence ministérielle euro-africaine sur la migration et le développement. Les délégations africaines participantes ont, lors de ce regroupement intercontinental, tenté de convaincre leurs vis-à-vis de l'autre rive nord de la Méditerranée à être moins iniques en cessant de faire de l'aide publique au développement et des accords de coopération un moyen de chantage et de pression diplomatique pour obtenir la collaboration des pays d'origine et de transit dans le contrôle en amont les flux migratoires, ont indiqué des sources du réseau euro-africain Manifeste qui milite pour la mobilité humaine. Celui-ci considère justement cette logique répressive en totale inadéquation avec l'esprit des orientations du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), «alors même que la mobilité humaine est un facteur de développement, et qu'elle est considérée par le PNUD comme facteur de développement pour les pays de départ, de transit, d'accueil, et pour les migrants eux-mêmes, et que de nombreux accords et conventions sont venus garantir cette liberté de circulation, la société civile du Nord et du Sud constate, depuis une dizaine d'années, les nombreuses entraves à cette mobilité», déplorent les activistes du Réseau, initiateur de la mobilisation euro-africaine. Pour eux, les mouvements migratoires massifs suscités par les récentes crises en Afrique du Nord ne doivent pas inciter l'Europe à accentuer sa politique d'enfermement et restreindre davantage la mobilité humaine. «Placer les populations au centre des changements économiques et politiques a certes des incidences profondes, mais il ne s'agit rien moins que de changer la manière de penser», insiste le Manifeste au slogan «Des ponts et pas des murs», reprenant ainsi l'approche conceptuelle du «Développement humain» du PNUD. Abondant dans le même sens, la Cimade regrette la logique de l'Europe qui persiste à conditionner son aide au développement à la maîtrise des migrations, assignant ses voisins du Sud aux rôles d'auxiliaires de la répression.