Quelques heures avant le vernissage de l'exposition qui s'est déroulée hier au sein de la galerie Esma à Riadh El Feth (Alger), c'est une artiste décontractée, s'attelant à donner les dernières retouches à son montage photographique que nous avons rencontrée. Modeste et humble, Zineb Sedira parle avec engoument et passion de la photographie et de la vidéo. Elle a suivi une formation à Londres où elle réside depuis 1986. Licenciée en arts plastiques et critique de Central Saint Martin School of Art de Londres, elle est également détentrice d'un master en arts plastiques, spécialité média. De 1998 à 2003, elle a fait une étude de recherche dans le département de photographie du Royal College of Art de Londres. Intitulée Meeting Point, l'exposition en question se laisse voir et visiter en deux dimensions. Une partie est consacrée à des clichés, réalisés en couleur et la seconde à une projection vidéo. Les photographies se déclinent en quatre séries s'ouvrant sur un hommage à sa mère où l'on peut apprécier à sa juste valeur le drapé. L'artiste a immortalisé des clichés montrant tantôt sa maternelle à l'intérieur de sa maison à Bordj Bou Arréridj tantôt exhibant des dentelles blanches. L'artiste confie qu'« elle travaille habituellement sur des commandes ». En effet, le musée de Londres lui avait passer une commande en 2002 sur le thème des drapés d'où l'explication de l'hommage à la mère. La deuxième série est consacrée à un autre hommage. Celui-ci à son père, où l'on peut voir le portait d'un monsieur devant ses terres natales et sa maison. Dans Trace dans un passé récent, cette collection lève le voile sur des mosaïques anciennes se trouvant notamment à la Casbah d'Alger, à la Citadelle d'Alger ou encore à Bologhine. La quatrième série Point de départ montre un point noir qui n'est autre qu'un personnage présent au quai de Marseille. Ce dernier est là, sans doute, pour faire ses adieux à un être qui a pris le bateau en partance pour Alger. Les trois vidéos proposées présentent trois générations de femmes (la grand-mère, la fille et la petite-fille), trois langues et trois pays (l'Algérie, la France et l'Angleterre). Zineb Sedira révèle qu'elle a beaucoup travaillé sur le thème des générations, façon singulière de montrer la fissure. Ce qui l'intéresse dans la vidéo, c'est l'élément de diaspora et ce travail sur le format triptyque. « Je pense que les gens se retrouvent dans mes thèmes. » Bien qu'exposant pour la première fois en Algérie, Zineb Sedira montre régulièrement ses œuvres aux Etats-Unis, en Angleterre, en Italie, en Espagne et au Moyen-Orient. A la question de savoir pourquoi le public algérien ne connaît presque rien d'elle, elle répond : « Il y a peu d'intérêt accordé aux artistes algériens qui ont fait leurs études en Occident et surtout à l'art contemporain », répond-elle. Cependant, l'artiste n'écarte pas l'idée de revenir en Algérie pour organiser d'autres expositions et offrir ses compétences à d'autres.