Tout se trouve à l'état brut. Le réel étant affranchi, c'est la beauté qui parle... M.Basile Simantirakis, ambassadeur de Grèce, est fasciné par les phénomènes exceptionnels qui naissent de la nature. Aussi, avec son regard sensible et profond il immortalise par la photographie notre univers. Après l'orage est le titre de sa deuxième exposition organisée à Alger, plus précisément à la galerie Esma, centre des Arts de Riadh El-Feth. Elle fait référence aux inondations qui ont endeuillé l'année passée la population de Bab El-Oued. Sur les 55 photos exposées, 22 sont dédiées à la mémoire de ces victimes. «J'ai pensé organiser cette exposition pour rendre hommage à ces victimes», déclare Son Excellence M.Simantirakis et de préciser «aucune photo n'a été prise à Bab El-Oued. Elles ont été prises après les intempéries, au parc du 5-Juillet, pour les voitures et les autres, au bord de la mer. Etant assez sensible, même si j'étais à ce moment-là, à Bab El-Oued, avec l'appareil photo, je n'aurais pu prendre aucune photo. C'est ma manière artistique d'approcher l'événement. Les photos vous font penser, imaginer. On ne commémore pas la mort». En effet, en commémorant cette date fatidique du 10 novembre 2001, c'est d'abord un message d'espoir et d'espérance que véhicule cette exposition via les images de couleurs, vives, prises dans l'environnement sinistré. C'est de la vie après la mort dont il s'agit. De la renaissance en fait. En témoignent ces plantes et ces fleurs qui naissent au milieu des débris comme pour conjurer le sort du drame. «Les fleurs et les plantes signent l'accord retrouvé entre l'homme et la nature». C'est le cycle de la vie qui est en perpétuel recommencement. Images de barque cassée, de détritus, tout ceci est renvoyé dans le regard de l'observateur dans toute sa dimension artistique. Quand la tempête abat sa force destructrice, l'herbe pousse dans les décombres. Ainsi, «les objets vivants ou inertes qui se trouvent mêlés ou superposés, se déforment par la terre, la mer, la pluie, le vent et par les coups qu'ils subissent dans leurs efforts pour échapper au cataclysme et à leur destinée». Parmi ces objets symboliques, on retrouve un bras ou une tête de poupée! Cela amène notre ambassadeur à dénoncer le manque de civisme de l'homme qui ne respecte pas la nature. «Quand on aime la nature, on veut la protéger», explique-t-il. Un sentiment de calme et de sérénité, qu'espère notre photographe pour le monde qui nous entoure. Son oeil scrutateur se plaît à contempler la pierre et la racine, le rocher et l'herbe. C'est pour enfin, révéler «les mystères de la terre». Jolie phrase qui porte toute son attention sur l'imaginaire et le merveilleux. «Le message de la photographie ne se limite pas uniquement à ce qui se voit mais s'étend jusqu'à franchir le réel et approcher l'imaginaire», confie l'ambassadeur de Grèce. Le réel étant affranchi, c'est la beauté qui parle. L'apparence devient spectacle. La nature devient une source d'inspiration riche et inépuisable d'interprétation. A chacun d'exprimer ce qu'il aperçoit. Un exercice ludique qui nous conduit à voir des formes singulières de pierres et de bois. Aussi, des figures humaines apparaissent, au loin, au milieu d'un rocher par exemple ou encore cette tête de chien ou de serpent issue d'un entrelacement d'un morceau de bois. «Les créations ne sont plus des curiosités mais des formes d'une signification artistique». «Tout se trouve à l'état brut. Aucune retouche n'affecte leur forme, certains réveillent en moi tant d'admiration et d'enchantement que je n'arrive pas à les considérer comme matière, mais comme oeuvres ou chefs-d'oeuvre naturels». Entre ces deux parties de l'exposition, l'une réalisée l'année dernière et l'autre cet été, une seule ligne d'idée les rassemble: préserver l'environnement de tout acte dégradant et vil et pour qu'enfin cessent les ruines de la tristesse et refleurisse l'espoir.