«Notre population veut que ces bavures cessent. Elle demande aussi que justice soit faite afin d'éviter d'autres victimes dans les mêmes circonstances, à l'avenir», explique un habitant de Tigounatine. Cinq jours après le drame, la blessure est toujours béante chez les citoyens de Tigounatine, dans la commune d'Akerrou, à une soixantaine de kilomètres à l'est de Tizi Ouzou. Ils n'arrivent pas à oublier ce mardi fatidique qui a plongé le village dans l'émoi et la consternation après la mort de deux villageois, tués par des militaires alors qu'ils revenaient d'une partie de chasse à la périphérie de cette bourgade sise entre la forêt de Yakouren et celle de Tamgout. Les habitants de Tigounatine, qui ont enterré dans la douleur, jeudi, leurs enfants, comptent interpeller les autorités concernées sur ces bavures militaires qui ont coûté la vie à des citoyens de ce village. D'ailleurs, pour rappel, selon les villageois, trois autres victimes sont mortes dans les mêmes circonstances. «En 1995, trois personnes ont été tuées dans une embuscade du côté de Tifrit Nath El Hadj. Notre population veut que ces bavures cessent. Il faut savoir aussi que ces deux chasseurs ont été tués dans une bavure militaire à 200 m seulement du village. A côté du lieu du drame, d'autres villageois faisaient la cueillette des olives. On cherche la paix et la sérénité pour notre village. On ne veut pas que d'autres citoyens meurent dans les mêmes circonstances», nous a expliqué un jeune, membre de la commission dégagée à l'issue de l'assemblée générale des villageois, tenue vendredi dans la soirée, pour discuter des suites à donner à la mort de Rafik Haddad, 17 ans, et Ramdane Maâtoub, 65 ans, deux chasseurs tués, mardi dernier, par des éléments de l'ANP dans une embuscade. «La réunion des habitants de Tigounatine, qui s'est tenue le week-end, a abouti à la mise sur pied d'une commission chargée d'élaborer une plateforme de revendications à remettre au wali et au président de l'APW, avant la fin de la semaine», a-t-il ajouté, tout en précisant que les points essentiels de cette plateforme porteront sur l'indemnisation des parents des victimes. «Notre population attend des représentants des autorités civiles et militaires les promesses faites lors de leur déplacement à notre village après le drame. Ils nous ont rassurés sur beaucoup de choses. Donc, nous allons les saisir dans quelques jours. Nous demandons aussi qu'une enquête sérieuse soit diligentée afin de situer les responsabilités dans ce drame», a précisé un autre membre de la même commission, qui rappelle que «le commandant du secteur, qui a présenté ses excuses aux familles des deux défunts, s'est engagé à traduire devant les juridictions compétentes les responsables de cette bavure». Notre interlocuteur a souligné que «des membres des familles des victimes seront présents lors du procès. La population veut que justice soit faite afin d'éviter d'autres victimes dans des situations similaires, à l'avenir», a-t-il- précisé. Notons, par ailleurs, que la commission dégagée lors de l'assemblée générale des villageois, vendredi, devait se réunir, hier en fin de journée, à l'effet de rédiger une plateforme de revendications.