Le Festival de Djemila se tiendra, pour sa prochaine édition, en dehors de la cité archéologique de Cuicul, afin de préserver le site historique classé patrimoine mondial. «Cette mesure est devenue aujourd'hui impérative au regard des dommages subis par le site archéologique en raison de la tenue de cette manifestation», a expliqué, comme rapporté par l'APS, la ministre de la Culture au cours d'une visite d'inspection dans la wilaya de Sétif. «Le public qui aime le Festival arabe de Djemila n'en sera pas néanmoins privé, mais pourra le suivre dans de meilleures conditions», a assuré MmeToumi. Un terrain jouxtant le musée et la porte principale du site a été choisi pour l'aménagent de la structure qui accueillera la 7e édition de cette manifestation annuelle «de sorte que les ruines restent à l'écart pour servir de fond et de décor». L'annonce, qui a réjoui plus d'un, a suscité toutefois l'appréhension chez certains archéologues horrifiés par cette situation. «Il semble que le futur festival soit prévu ‘‘sur l'espace non fouillé entre le musée et le site''. Enfer et damnation ! donc, à l'intérieur du site !». «C'est bien ce que je pensais», écrit sur son mur Facebook Nacéra Bensedik, archéologue confirmée, qui codirige un projet de catalogue des inscriptions latines de Maurétanie sitifienne et dirige, dans le cadre du CRASC, un autre sur une monographie historique et archéologique d'Icosim-El Djazaïr (Alger). Eminente spécialiste de la période antique, Nacéra s'étonne que des sites archéologiques accueillent toujours des festivals. «Comment peut-on décider d'installer un festival de musique arabe à l'intérieur d'un site archéologique de l'époque romaine, sur un terrain ‘‘non fouillé''?», s'interroge-t-elle, sans être sûre d'obtenir une réponse satisfaisante des services de Mme Toumi qui laissent se dégrader à vue d'œil des sites comme celui de Djemila ou même Madaure à Souk Ahras, où des blocs de béton ont été installés. Le site de Cuicul a connu une dégradation, notamment au centre du forum de l'empereur romain Septime Sévère, où était accueilli le public, mais également dans d'autres parties «qui ont fini par être endommagées sous le poids des lourds équipements mobilisés par la télévision pour le tournage, l'éclairage et la prise de son», ont indiqué à l'APS les responsables de la direction de wilaya de la culture. La puissance de la sonorisation utilisée durant le festival et les supports de fixation des tentes installées pour cette occasion ont également ébranlé de nombreux vestiges remontant à l'ère romaine. Au cours de sa visite du Musée de l'antique Cuicul, la ministre a insisté sur l'engagement de travaux de restauration de certaines mosaïques romaines dégradées sous l'effet de facteurs naturels.