Beaucoup de monde hier pour suivre les débats relatifs à l'affaire dite de l'ex-wali de Blida. Salle comble, flopée d'avocats et des rappels répétés au silence par la présidente. Un fait notable à signaler : le jugement en public dans un tribunal d'un représentant du gouvernement en partant de la considération de la présomption d'innocence. Le fils de l'ex-wali ayant vu son affaire inscrite en criminelle, il restait à délimiter l'accusation ou son degré pour trois autres personnes avec, à leur tête, M. Belaïd, ex-conseiller auprès du ministre de la Justice. Des avocats mettront en exergue son jeune âge (37 ans) et le « conflit de générations », dixit maître Khiar pour tenter d'innocenter son client. Le profil de la personne sera également mis en avant avec un passé de scout, membre ensuite du CNT qui « affrontait le terrorisme au moment où nous dormions tranquillement chez nous », dira encore l'avocat, alors que le défenseur de Berrouane, autre accusé présenté à la barre, insistera sur l'application de deux poids, deux mesures à l'égard de son client par rapport au fils de l'ex-wali laissé en liberté provisoire. Maître Boulefrad ira encore plus loin en remettant en cause le chef d'inculpation d'association de malfaiteurs du fait de la disparition de Boukrid Djamel, principal accusé et plaque tournante pour les trois affaires qui ont éclaboussé la wilaya de Blida : les différentes malversations incriminant l'ex-wali, l'affaire du CHU Frantz Fanon et celle du conseiller du ministre de la Justice. La présomption d'innocence concerne même Boukrid en partant des articles de loi. « Des informations devenues une affaire », dira maître Boulefrad qui affirmera qu'on cherche à atteindre le wali à travers M. Berrouane, responsable de cantines scolaires ayant empoché l'argent servant à la transaction pour l'achat du véhicule. La défense a cherché à délier les liens pouvant exister entre Boukrid et les différents accusés, présentant au tribunal la thèse des us et coutumes de tous les Algériens qui cherchent par tous les moyens des relations afin de régler leurs problèmes. C'est ce qui semble - selon elle - s'être passé pour leurs clients. C'est un malheureux concours de circonstances d'après maître Benbraham pour qui « M. Belaïd ne pouvait pas savoir en louant la maison qu'elle appartenait à l'épouse de Boukrid ». Ce même Boukrid retrouvé dans les coulisses du ministère « cherchant à établir des liens comme tout le monde ». Véhicule et maison appartenant à Boukrid ; le même Boukrid en relation d'affaires avec la famille S. dont un des membres, Aïssa, a empoché 4 millions de dinars pour différentes transactions. De l'imbroglio dont le fil continu demeure M. Boukrid, la défense a cherché à disculper les trois accusés en demandant à l'accusation d'apporter les preuves des chefs d'inculpation de corruption, d'association de malfaiteurs, de faux en écriture et de trafic d'influence. Le passé propre de chacun a été mis en avant. Deux véhicules de luxe - des 4X4 - pour lesquels avaient été prononcée la mainlevée en 2003 par le procureur général de l'époque pour un sénateur. Mais il sera avéré que les voitures faisaient partie d'un gros trafic de véhicules de luxe. L'un d'eux sera « offert » au fils de l'ex-wali par Boukrid qui possède une villa au nom de son épouse à Douaouda et où les éléments de la sûreté de la wilaya de Blida trouveront lors d'une perquisition pour une autre affaire - la surfacturation de denrées et effets vestimentaires - un ordre de mission établi au nom du conseiller du ministre de la Justice. Une autre affaire qui démarrait alors et dont le dénouement est sûrement prévu mardi prochain.