Le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, a affirmé, hier à Doha, que le groupe Sonatrach n'a pas de craintes concernant ses parts sur le marché gazier en Europe, démentant ainsi les informations selon lesquelles l'Algérie est en train de perdre ses parts en raison de la concurrence étrangère, notamment du gaz qatari et russe. «Nous ne subissons pas de concurrence comme le rapporte la presse, je n'ai aucune crainte de ce côté. Le monde va avoir besoin de plus de gaz, car il va remplacer le nucléaire dans les prochaines années», a déclaré le ministre à l'APS en marge du 20e Congrès mondial du pétrole. «Il n'y a strictement aucun problème de parts de marché pour Sonatrach. Nous sommes des acteurs importants, nous préservons nos parts de marché et notre capacité à exporter», a rassuré le ministre. Celui-ci a reconnu que les réserves de gaz algériennes, même importantes, ne se comparent pas à celles du Qatar ou de la Russie qui «sont largement supérieures», mais a cependant signalé que le marché européen aura encore besoin du gaz algérien du fait de l'abandon du nucléaire. «Nous n'allons pas nous battre avec des compagnies et des entités pour placer des quantités supplémentaires de gaz sur le marché européen, ce n'est pas notre objectif. Notre préoccupation actuelle c'est de conforter nos ressources, il faut penser à très long terme», estime M. Yousfi. «Il y aura de nouveaux segments de marché qui vont se développer pour le gaz, notamment dans la génération électrique», a-t-il dit. A moyen terme, l'Algérie est préoccupée par les effets que pourrait avoir la crise de la dette européenne sur la demande gazière et partant sur les prix de cette énergie, a précisé le ministre. Le marché du GNL a connu depuis quelques années, notamment en Europe, une baisse sans précédent des prix du fait de l'abondance de l'offre qatarie et de la saturation du marché de l'Amérique du Nord après le boom de l'industrie du gaz de schiste aux Etats-Unis. Cette situation a conduit les pays alimentés par gazoducs à lancer un débat sur la révision des contrats à long terme les liant aux pays producteurs, en proposant d'écourter ces accords pour pouvoir s'approvisionner sur les marchés spot de GNL. Mais l'accident de la centrale nucléaire Fukushima au Japon et l'explosion de la plate-forme pétrolière Deep Water au golfe du Mexique ont renforcé de par le monde l'idée de substituer le gaz au nucléaire et au pétrole. Le gaz pourrait connaître, à partir de cette décennie, son âge d'or après que ses prix sont tombés à des niveaux très bas, d'après plusieurs congressistes à Doha.