Marches empêchées, liberté religieuse limitée, condition de la femme en faible progression, condamnations à mort, corruption galopante. Tel est le visage de l'Algérie, au moment où la Journée internationale contre la corruption (aujourd'hui) et la Journée mondiale des droits l'homme (demain) s'apprêtent à être célébrées partout ailleurs. Ainsi, Human Rights Watch (HWR), qui se félicite de la levée de l'état d'urgence, le 24 février dernier, déplore les dispersions forcées de toutes les marches et manifestations organisées dans la capitale et partout ailleurs. L'ONG, qui prépare chaque mois de janvier son rapport mondial, s'inquiète des déplacements massifs de la police empêchant les manifestants de marcher, les limitant dans des espaces confinés. La liberté d'expression n'est pas en reste, puisque, avec l'annonce d'un nouveau code de l'information, tout porte à croire que le journalisme algérien est loin des standards internationaux. Eric Goldstein, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord de HRW, contacté hier, s'inquiète que l'Etat contrôle tous les médias lourds audiovisuels, qui assurent une couverture des sessions parlementaires, mais presque aucune activité de l'opposition. Les journaux privés jouissent d'une liberté plus étendue, mais les lois répressives sur la presse et la dépendance sur les revenus de la publicité sur le secteur public limitent leur liberté de critiquer le gouvernement et les militaires, relève HRW. Les autorités ont également empêché la chaîne de télévision Al Jazeera de maintenir un bureau en Algérie. L'ONG déplore que la liberté de culte soit peu assurée, rappelant le cas des églises menacées de fermeture dans la wilaya de Béjaïa et la condamnation de Karim Siaghi à cinq ans de prison et une amende pour offense au Prophète. Des progrès restent à faire, selon Eric Goldstein, concernant les disparus, la condition de la femme et l'abolition de la peine de mort, même si celle-ci est l'objet d'un moratoire depuis 1993.