Le nouveau gouvernement tunisien doit lancer “d'urgence” des enquêtes sur la mort de dizaines de manifestants et habitants, tués par les forces de l'ordre lors du soulèvement des dernières semaines, a déclaré hier Human Rights Watch (HRW) à Tunis. “La situation évolue vite en Tunisie, mais déterminer qui a ouvert le feu sur les manifestants et pourquoi, ne peut attendre”, a affirmé Eric Goldstein, responsable de l'organisation de défense des droits de l'homme pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, au cours d'un point presse. “Les unités et les commandants responsables de ces morts, apparemment survenues hors de tout cadre légal, devraient être identifiés et devraient avoir à rendre des comptes”, a-t-il poursuivi. L'ONG, qui a dépêché ces derniers jours une équipe à Kasserine et Thala (centre-ouest), affirme avoir identifié au moins 21 personnes tuées dans ces villes situées dans cette région frondeuse et défavorisée. Selon l'ONU, au moins 100 personnes ont été tuées lors de la répression des manifestations qui ont conduit à la chute du régime du président Zine El Abidine Ben Ali, qui a quitté la Tunisie le 14 janvier après quatre semaines d'une révolte sans précédent. En mars, HRW avait dénoncé une “nette dégradation” des droits de l'homme en Tunisie, après avoir été empêchée de présenter à Tunis son dernier rapport consacré à la répression des anciens prisonniers politiques. L'ONG avait été finalement autorisée à le faire en octobre suivant dans la capitale tunisienne.