Mauvaise nouvelle. L'augmentation des salaires tant revendiquée par l'ensemble des travailleurs ne verra pas le jour de sitôt. Le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, semble trancher la question avant l'heure. Il était catégorique, hier, à faire objection à toute revalorisation salariale avant même que cette question ne soit discutée au sein de la prochaine rencontre tripartite (gouvernement, UGTA et patronat), dont la date n'a pas encore été fixée. Il est inconcevable de prendre des risques quant à l'utilisation des revenus générés par les hydrocarbures pour répondre à des besoins qui, même pressants, ne sont pas légitimes, contrairement à ce que le citoyen s'est habitué à entendre de la part de certains responsables au sein de l'Exécutif », a-t-il déclaré en marge de la clôture de la session d'automne du Conseil de la nation. Il souligne que l'augmentation des salaires « obéit aux normes du modèle mondial, à savoir la croissance, l'inflation et la rentabilité », et qu'on ne peut, à l'heure actuelle, « s'aventurer » quant à l'utilisation des recettes des hydrocarbures. Il précise que « l'anarchie ne mène à rien » et que le gouvernement est « responsable de 32 millions d'Algériens ». Le chef de l'Exécutif explique, en outre, le rejet de cette revendication - qui est celle de tous les salariés algériens - par la nature de la croissance économique qui est induite plutôt par la hausse des prix du baril. Autrement dit, il n'y a pas de croissance économique qui émane d'une réelle productivité. Sinon celle-ci n'est pas à même d'autoriser une revalorisation des salaires. Peu loquace et tranchant, le chef du gouvernement « redoute » aussi l'inflation. Bref, il estime que les conditions pouvant permettre une augmentation des salaires ne sont encore pas réunies. Pour lui donc, on n'augmente pas uniquement pour augmenter. Il faut qu'il y ait d'abord une croissance plus importante et stable. Il indique que la priorité est accordée à la situation des « 1,4 million de chômeurs ». Le salaire national minimum garanti (SNMG) est officiellement fixé à 10.000 DA. Le chef du gouvernement est-il donc conscient du coût réel de la vie ? Est-il au courant des augmentations qui ont touché différents produits, allant des denrées alimentaires jusqu'à l'électricité et le gaz, qui risquent d'intégrer la rubrique de produits de luxe ? Sur un autre registre, celui de la lutte contre la corruption, M. Ouyahia estime que l'Exécutif a préparé l'antidote : « La loi sur la prévention et la lutte contre la corruption, adoptée par le Parlement lors de la session d'automne. » Pour lui, ce texte de loi « comprend toutes les clauses nécessaires à même de lutter efficacement contre la corruption ». Il trouve que la suppression de l'article 7 de cette loi par les députés « n'a diminué en rien de l'efficacité de ce texte ». Il considère le tollé suscité par le rejet de cet article comme « une tempête dans un verre d'eau ». Comment ? Il explique que les procédures pénales contenus dans l'article 7 « sont incluses dans la Constitution ». Il cite aussi l'article 6 du texte qui « oblige les parlementaires et les responsables du pouvoir exécutif, entre autres les ministres, les walis et les ambassadeurs, de présenter leurs déclarations de patrimoine devant la Cour suprême dans un délai de deux mois après la publication de la loi » et l'article 36 qui prévoit des peines de prison allant de six mois à cinq ans et des amendes qui peuvent atteindre les 500.000 DA. Le chef du gouvernement, et également secrétaire général du RND, précise également que la levée de l'immunité parlementaire dépend exclusivement du Parlement. L'article 7, rappelle-t-on, prévoyait la révocation des fonctionnaires et la déchéance du mandat électoral en cas de la non-déclaration de patrimoine dans les délais prescrits. A une question sur l'application de la déclaration de soupçon prévue dans la loi de lutte contre le blanchiment d'argent, adoptée par le Parlement, M. Ouyahia a indiqué avoir signé un décret exécutif relatif à cela. Et si ce décret n'a encore pas été publié dans le Journal officiel, c'est parce qu'il y a, selon lui, un problème technique au niveau du secrétariat général du gouvernement.