La question des augmentations salariales n'a toujours pas été tranchée. Au moment où les négociations sur les conventions de branches sont enclenchées pour se solder par des conventions collectives, de nombreuses fédérations du secteur économique sont montées hier au créneau pour dénoncer lors d'une réunion tenue au siège de l'UGTA, à Alger, les blocages qui compromettent ces discussions et imposer par la même occasion la revendication salariale comme une condition préalable à toute négociation entre le partenaire social et l'employeur. Ces conventions, faut-il le rappeler, devaient être finalisées, selon le calendrier établi, en concertation entre le chef du gouvernement et l'UGTA, vers la fin de ce mois, pour être suivies de la seconde étape, celle des conventions collectives. Il est question de définir le cadre des relations de travail dans une entreprise, une branche professionnelle ou l'ensemble des travailleurs du secteur économique. Bref, même si le secrétaire national chargé du dossier économique au niveau de la centrale syndicale, à savoir Badreddine, a marqué par son absence, remplacé à cette occasion par Bouzidi, secrétaire national chargé des conflits sociaux, le débat entre les syndicalistes a beaucoup plus été axé sur la situation socioéconomique mais aussi sur la « nécessaire revalorisation salariale au même titre que celle accordée aux travailleurs de la Fonction publique ». Les représentants des 16 fédérations présentes, du textile, du cuir, du bâtiment et des travaux publics, de l'agroalimentaire, de la mécanique, etc., ont estimé qu'« il n'est plus question de négocier le volet juridique des conventions de branches sans celui, tout aussi important, lié à la revalorisation salariale ». Pour les syndicalistes : « Il est temps de ne plus hisser l'argument de la productivité et de la situation financière lorsque la question des salaires se pose. » Les intervenants ont également dénoncé « la volonté » des SGP (propriétaires des portefeuilles des entreprises économiques) « de bloquer » les discussions entre le partenaire social et les employeurs et « à pousser les travailleurs à la contestation sociale en occupant la rue ». Les syndicats de la SNVI ont pour leur part exprimé leur « inquiétude » devant ce qu'ils ont qualifié de politique de fragilisation du secteur public. « Cette chasse aux sorcières contre les syndicalistes et le risque de décompression qui pèse sur 40 000 travailleurs du secteur de la mécanique et les 70 000 du secteur industriel », ont expliqué les syndicalistes de la mécanique. Lors de cette rencontre, les représentants des travailleurs ont également fait état de la crainte de compression des travailleurs contractuels, notamment dans le secteur des travaux publics et du bâtiment et « dont l'avenir n'est toujours pas certain ». Après une prise de parole, qui a duré toute la matinée, les syndicalistes se sont entendus autour de deux points. Le premier est de conditionner les négociations de conventions de branches à la nécessaire augmentation des salaires au même titre que celle dont ont bénéficié les travailleurs de la Fonction publique. Dans le cas contraire, ont-ils noté : « Nous appellerons les 500 000 travailleurs du secteur économique à descendre dans la rue pour organiser un rassemblement de protestation devant le Palais du gouvernement ou le siège des SGP. » Ils se sont entendus également pour tenir dans les jours qui viennent une réunion avec le secrétaire général de l'UGTA, afin de lui exposer leurs préoccupations et leur décision de porter la contestation dans la rue. Ainsi, la centrale syndicale, désormais consacrée par les pouvoirs publics comme étant le seul partenaire social, vit actuellement au rythme des luttes partisanes entre le RND et le FLN depuis le retour forcé de l'ancien parti unique, que le Président veut à tout prix légitimer en tant que seule force politique. Hier, Badreddine, qui appartient au FLN, a déserté la rencontre avec les syndicalistes, laissant Bouzidi, du RND, faire face à une contestation dirigée surtout contre les SGP, installés par l'ancien chef du gouvernement et secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia. Il n'est pas exclu que cette lutte prenne d'autres voies en utilisant bien sûr la grogne du monde du travail..