L'Infirmité cérébrale motrice (IMC) constitue aujourd'hui un véritable problème de santé publique. Sa prise en charge demeure encore insuffisante. Une maladie pourtant réversible, selon les spécialistes. En marge du symposium organisé jeudi dernier par le laboratoire IPSEN à Alger sur «l'apport de la toxine botulinique dans la prise en charge de la spasticité chez l'enfant souffrant d'infirmité cérébrale motrice», les spécialistes ont tiré la sonnette d'alarme sur l'augmentation du nombre de cas d'enfants souffrants de cette pathologie qui deviennent malheureusement handicapés à vie. Les spécialistes appellent à une lutte acharnée contres les facteurs de risques liés généralement aux mauvaises conditions d'accouchements. La souffrance cérébrale néonatale et la prématurité sont les causes principales d'IMC. A cela s'ajoutent les retards pour la consultation et le dépistage tardif. Le Pr Harridi, du service de néonatalogie au CHU de Beni Messous à Alger, déplore que de nombreuses pathologies périnatales évitables et pourvoyeuses de handicap lourd restent fréquentes. Selon ce professeur, 10 à 15% des 10 000 nouveau-nés par an, souffrent d'une asphyxie néonatale. Pour le Dr Aouichat, du service de réadaptation et rééducation au l'EHS de Tixeraine, les enfants n'arrivent en consultation qu'après l'âge de 2 ans ou plus. Elle a relevé qu'entre 1994 et 2009, 80 nouveaux cas d'IMC par an ont été enregistrés, la souffrance néonatale étant la plus fréquente avec 33% de prévalence. En Algérie, 3,8 nouveaux cas pour 1000 naissances sont enregistrés en moyenne chaque année, alors que les statistiques de l'OMS font état de 3 cas pour 1000, a souligné le Pr Grangeaud. Pour soulager ces enfants, la toxine botulinique a été introduite en Algérie, a souligné le Pr Amara, chef de service à l'EHS de Texraine. Les 70 malades pris en charge dans son service bénéficient de cette thérapie pour procurer un meilleur confort, a-t-il souligné. Mais l'utilisation de cette drogue nécessite beaucoup de précaution et de surveillance, a-t-il insisté. Des formations pour des médecins spécialistes ont été organisées à cet effet, a-t-il ajouté. Le traitement s'effectue par injection intramusculaire de la toxine botulinique dans des muscles, laquelle est une drogue administrée au patient (une fois tous les quatre mois) pour décontracter le muscle, éviter les déformations et alléger les douleurs a précisé le Dr Koçer du centre de réadaptation Coubert en France. Après avoir insisté sur l'importance de la technique d'injection, le Pr Korçer a souligné que la toxine botulinique diminue du tonus musculaire et améliore les paramètres fonctionnels. Ce traitement est très complexe, a-t-il précisé d'où la nécessité d'une surveillance des malades. L'utilisation du Gaz protoxyde d'azote lors de l'injection est aussi d'un grand apport pour éviter d'éventuels traumatismes à ces enfants malades a-t-il recommandé.