Après avoir signé leurs PV d'installation, les enseignants contractuels se trouvent dans l'impasse, car les responsables des établissements refusent leur intégration dans leurs nouveaux postes. Les enseignants contractuels, hors spécialité, crient à la hogra. Ils sont depuis une semaine devant le siège de l'annexe du ministère de l'Education nationale, au Ruisseau (Alger). Des dizaines d'enseignants, dont des femmes avec leurs bébés et d'autres enceintes, tiennent un sit-in permanent devant cette institution. Affiliés au Syndicat national autonome du personnel de l'administration publique (Snapap), ces contractuels, venus de 18 wilayas, sont déterminés à aller jusqu'au bout de leur unique revendication, à savoir l'intégration. Karima Doucha est assise sur le trottoir, sous un parapluie. Elle protège du soleil sa fille âgée d'à peine une année. Elle est là depuis une semaine ; elle passe même les nuits sur ce trottoir. Journaliste de formation, cette mère de famille venue de Aïn Defla est, depuis 6 ans, enseignante de langue française à Ouled Berahma, une région montagneuse, dans la wilaya de Aïn Defla. «Je vais rester ici jusqu'à l'obtention de l'intégration. Mon premier enfant, je l'ai perdu à cause de ce poste : j'avais repris le travail une semaine après l'accouchement. Deux mois après, je perdais mon fils», fait savoir cette jeune mère. Elle n'a pas eu droit ni au congé de maternité ni au congé de décès : «Je suis restée absente trois jours, et le directeur m'a menacée de déclarer que je suis en abandon de poste.» Elle reprend le boulot sous la menace. Le code du travail ne prend pas en compte le deuil des contractuels. Après tant de sacrifices, l'enseignante est déterminée à continuer le combat qu'elle a commencé depuis des années. «Mes élèves n'avaient jamais eu de professeur de français. Ils étaient en 5e année quand j'ai commencé à leur apprendre l'alphabet», révèle-t-elle. Karima et ses collègues réclament leur intégration après plusieurs années de service dans l'éducation. L'intégration des enseignants hors spécialité par la direction de l'éducation d'Alger s'est répandue comme une traînée de poudre dans toutes les wilayas. «Des enseignants qui sont dans le même cas que nous (hors spécialité) ont été intégrés», déclare Yacine Kerai, venu de Bordj Bou Arréridj. Il s'interroge sur les dessous de cette décision. D'après lui, le décret est appliqué dans de nombreuses wilayas exceptées Alger, Boumerdès et Bouira. Il s'agit «d'une erreur», telle est l'explication donnée par les responsables de la tutelle à ces enseignants qui crient à la discrimination. Cette explication a été donnée également aux enseignants recrutés hors spécialité par la direction d'Alger-Est. Après avoir signé un PV d'installation, ces enseignants se trouvent dans l'impasse. Les responsables des établissements leur refusent l'intégration dans leurs nouveaux postes. Un groupe d'enseignants tiennt un sit-in parallèle de l'autre côté de la rue pour dénoncer l'attitude de la tutelle : «On nous a fait signer un PV d'installation. Mais ils veulent l'annuler sous prétexte qu'ils ont fait une erreur», dénonce une enseignante au bord de la dépression.