Le torchon brûle entre le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, et son ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès. Ce dernier n'a, semble-t-il, pas apprécié l'intervention musclée d'Ahmed Ouyahia dans la gestion du dossier du médicament qui a connu, ces derniers mois, de fortes perturbations. Laghouat. De notre envoyé spécial
«Je suis le premier et l'unique responsable du secteur de la Santé», a-t-il lancé devant les journalistes en marge de sa visite, hier, dans la wilaya de Laghouat. Même s'il affirme qu'il n'y a aucun différend entre lui et son premier responsable hiérarchique, M. Ould Abbès laisse entendre qu'il n'a de comptes à rendre qu'au président Bouteflika : «Il n'y a aucun différend entre le Premier ministre et moi. Il est désigné par le président de la République et moi aussi. Lui est chargé de la coordination entre les différents ministères. Et chaque ministre travaille selon une feuille de route définie par le président de la République.» Poursuivant, le ministre tente aussi de se défendre. Selon lui, la polémique suscitée par la pénurie de certains médicaments est l'œuvre «de lobbies dont les intérêts ont été menacés par la mise en œuvre de la stratégie du ministère». «J'ai touché à des intérêts forts et sensibles. J'ai parlé de lobbies et je n'ai pas cité de nom. Je ne suis ni gendarme ni policier», dit-il. M. Ould Abbès précise également que les services de son département ont découvert que les factures de certains médicaments avaient été gonflées : «Nous avons mené une enquête sur 38 médicaments et nous avons découvert une facture supplémentaire de 94 millions de dollars. Les médicaments concernés ont été importés à des prix plus élevés que ceux appliqués sur le marché international.» Cette affaire, a-t-il précisé, est actuellement entre les mains des services des Douanes et du ministère de la Justice. Toutefois, le ministre refuse de donner des explications sur le manque de médicaments qui continue d'empoisonner la vie des malades algériens. Il est à rappeler qu'en octobre dernier, le Premier ministre, alerté par l'ampleur de cette pénurie, a pris la décision de dessaisir Djamel Ould Abbès de ce dossier. M. Ouyahia avait pris des mesures urgentes pour remédier à cette situation ; il avait d'abord ordonné le paiement de l'intégralité des dettes de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) détenues auprès de fournisseurs locaux (évaluées à 9 milliards de dinars) et de fournisseurs étrangers dont les factures étaient impayées depuis plus d'une année, estimées à 3,5 milliards de dinars. Le Premier ministre avait également instruit le ministre de la Santé de procéder à l'approvisionnement urgent des stocks de la PCH et des hôpitaux, comme il lui avait aussi ordonné de l'informer mensuellement de l'état de ces stocks de médicaments.