L'avocat du soldat Bradley Manning, «taupe» présumée de WikiLeaks, a demandé hier la récusation du procureur, juste après le début de la première audience du militaire devant un tribunal militaire sur la base de Fort Meade, près de Washington. «La défense a déposé une requête pour que vous vous récusiez», a annoncé l'avocat David Coombs au procureur, le lieutenant-colonel Paul Almanza, chargé de l'enquête, estimant que l'accusation risquait d'être partiale, car l'officier chargé de l'enquête est procureur militaire de carrière. L'accusation a soumis une liste de 20 témoins, et «ils ont tous reçu l'autorisation de déposer», a déclaré l'avocat. En revanche, la défense a, selon lui, demandé à 48 personnes de témoigner, dont 10 étaient aussi dans la liste de l'accusation, «mais seuls deux témoins sur 38 ont été acceptés». «Un observateur extérieur, une personne raisonnable, estimerait sans aucun doute qu'il y a là partialité», a estimé David Coombs, son client, le soldat Manning à ses côtés. Ce dernier était vêtu d'un uniforme vert et est apparu calme lorsqu'on lui a lu les accusations qui le visent, entre autres d'avoir transmis des dépêches diplomatiques américaines au site internet WikiLeaks. Au cours de cette audience préliminaire, il ne s'agit pas de déterminer si le soldat est coupable ou innocent, la cour va uniquement passer en revue les accusations qui le visent. Les enquêteurs devront ensuite dire s'ils se prononcent pour qu'une cour martiale se saisisse de l'affaire, selon un expert en justice militaire. C'est la première apparition en public de Bradley Manning, qui aura 24 ans aujourd'hui, depuis son arrestation en mai 2010. Il est accusé d'avoir fourni des dépêches diplomatiques, des rapports militaires et des vidéos confidentiels sur les conflits en Afghanistan et en Irak au site internet WikiLeaks.