Les délinquants imposent leur diktat au collectif des enseignants. On se tait, on ferme les yeux et en aucun cas on n'a le droit de dénoncer un méfait aussi grave qui se passe à l'intérieur du CEM Amara Rabhi situé à Maramane (commune de Blida). «Voilà une devise, oh combien salutaire, si l'on veut rejoindre notre chez-soi sain et sauf», affirme un enseignant qui a vivement demandé l'anonymat de peur de représailles de la part de l'administration, dit-il, complice avec les délinquants et autres malfrats qui pullulent dans le voisinage du CEM et à l'intérieur même de l'établissement scolaire. Maramane est une localité rurale qui se trouve embusquée dans les vergers de la Mitidja, à une dizaine de kilomètres du centre-ville de Blida. Sur une requête qui nous est parvenue, on lit : «En l'espace de quelques mois seulement, trois directeurs se sont succédé dans la gestion de cet établissement à haut risque. Si l'on veut sanctionner un directeur, on le mute ici à Maramane». Un enseignant, qui a fait des pieds et des mains pour obtenir sa mutation d'un établissement scolaire relevant de cette localité, assure qu'il aurait sans doute tout simplement abandonné la carrière d'enseignant si ses tentatives n'avaient pas abouti à son transfert ailleurs. La fin du mois de novembre a été particulièrement difficile où l'on a noté, précise la requête, un élève qui a osé gifler un enseignant de sport, un autre a été grièvement blessé par un coup de couteau à la gorge dans les couloirs du CEM Rabhi par un autre élève, sans que l'administration ne bouge le petit doigt. D'ailleurs, c'est un autre enseignant qui a dû abandonner sa classe pour évacuer le blessé vers l'hôpital. Toujours d'après la même requête, le tiers des élèves de l'établissement, en question, rejoint les classes sous l'effet de la drogue, insultant à tout bout de champ des enseignants qui, appréhendant leur sort à l'extérieur, préfèrent garder le silence. L'administration, note le document, a royalement fermé les yeux au mépris même des droits des victimes, pourtant agressées à l'intérieur de l'enceinte scolaire. L'établissement en question avoisine un oued très boisé transformé en un véritable repaire d'ivrognes, de repris de justice, de violeurs… La requête note un cas de viol qui a eu lieu juste derrière le mur du CEM Amara Rabehi, d'une mère et de sa fille de seize ans. Les mis en cause, qui se sont fait passer pour des chauffeurs de taxi clandestin, ont été incarcérés puis vite libérés à la faveur d'une grâce présidentielle ! En plus de l'insécurité, la requête parle aussi de prétendus budgets de cantine et de clôture qui se sont volatilisés, de fuite de sujets d'examens et que certains surveillants font la pluie et le beau temps et n'assurent même pas les permanences en cas de retard d'enseignants, allant jusqu'à renvoyer les élèves, notamment des collégiennes, sachant que dans les voisinages rodent toujours des individus capables de tout…