Hawas (Sens), premier court métrage du jeune cinéaste et scénariste égyptien, Mohamed Ramadan, a provoqué le débat, vendredi matin, à la Cinémathèque d'Oran, lors des premières projections des films retenus dans la sélection officielle du Festival d'Oran du film arabe (FOFA). L'idée du court métrage est simple : une infirmière, Souad (Solafa Ghanem) est en charge d'un homme dans le coma, Youssef (HassanEl Kredly). L'entretien du malade se développe en une relation ambiguë. La femme découvre tous les blocages qui encerclent son être, discuter avec le patient comme elle aurait fait à un homme qu'elle aime, lui apporte des cadeaux, et puis, au bout d'un moment, passe à «l'acte». Inévitable ? Sur la table du malade, les pages d'un livre sont tournées par le vent, comme peuvent l'être les idées ou les désirs. Les rideaux de la fenêtre, qui reprennent vie grâce au mouvement de l'air, ne dévoilent rien de l'extérieur, la vie, les bruits de la ville sont éteints et la lumière crue crée le sentiment de néant. Les présents à la Cinémathèque sont allés dans tous les sens pour qualifier, ou tenter d'interpréter le film courageux de Mohamed Ramadan. Une fiction d'un jeune révolté, «indigné», qui a voulu, à sa manière, tordre le cou à l'interdit, le prêt-à-penser, la morale collante… Dire ce qu'il a envie de dire sans omettre d'y mettre un peu de poésie et d'insouciance. «En Egypte, nous avons brisé le tabou politique en forçant le départ du régime Moubarak. Il nous reste de nous attaquer aux tabous religieux et sexuels. J'ai bien envie de le faire. L'une des causes les révoltes dans le monde arabe est la non-évolution des idées. Des idées érigées en dogmes, en constantes, alors que la situation n'a pas cessé de se dégrader», a expliqué Mohamed Ramadan lors du débat. Ce jeune cinéaste, qui fait partie des protestataires de la place Etahrir du Caire et qui porte encore l'éclat d'une cartouche dans le bras, a défendu avec conviction son travail. Il entend réaliser un long métrage. «Pas sur la révolution en Egypte. C'est encore chaud. Rien n'a encore abouti. J'ai collecté beaucoup de matières que je vais utiliser plus tard», nous a-t-il confié. Demain, Alger du jeune réalisateur algérien Amin Sidi Boumediène, 29 ans, projeté dans le même cadre du FOFA, aborde la révolte sans la montrer. L'histoire se déroule en Octobre 1988 avant le soulèvement des jeunes contre un régime qui n'avait pas hésité à faire sortir les chars dans la rue et tirer sur la foule. Ce n'était pas «un printemps» mais des émeutes réprimées dans le sang. Cela, on ne le sait qu'à la fin dans Demain, Alger . Il fallait bien apporter la précision, car «les événements» du 5 Octobre 1988 sont bel et bien «une histoire» algéro-algérienne. Les historiens n'ont pas encore fait leur travail pour que cette «séquence» devienne une question connue par ailleurs. Passons. Quatre jeunes habitant un quartier de la capitale veulent…descendre à Alger pour probablement y mettre le feu. L'un d'eux, Fouad, se retire pour partir à l'étranger. Cela ne plaît pas à «oulad el houma» (les enfants du quartier). Il y a ceux qui partent et ceux qui restent. Et, on peut penser que ceux qui restent sont «mieux» que ceux qui fuient. Les prises de vue et la mise en scène de ce film le rendent beau, même s'il est quelque peu desservi par les dialogues. Les jeunes comédiens Amine Mensteur, Nabil Asli et Houssam Harzallah ont bien campé leurs rôles. Il ne sera pas difficile pour eux de faire carrière dans le cinéma. Le talent mêlé au sérieux fait sauter tous les verrous.