Les députés ont adopté, hier, la décision de publication du rapport de la commission d'enquête parlementaire sur la pénurie, totale ou partielle, de certains produits alimentaires de large consommation sur le marché national. La séance plénière de l'APN, consacrée à cette question, ne s'est pas déroulée sans contestation. Avant même le passage au vote, les trois élus du mouvement Ennahda avaient quitté la salle. «Nous avons demandé l'ouverture d'un débat général sur les questions d'actualité, l'installation d'une commission d'enquête, mais nous avons essuyé un niet. Cette commission n'est qu'un leurre», dénoncent-ils. Composée de 17 députés de différentes obédiences politiques, cette commission a ôté toute arrière-pensée politique aux émeutes qui ont touché, au début de l'année, plusieurs wilayas, dont la capitale. Mais Kamel Rezgui (député du FLN), président de la commission, a tenté de contre-attaquer en défendant le travail de son équipe et les conclusions de la commission. Il a précisé, lors d'un point de presse, qu'il n'était pas du ressort de la commission d'imputer la responsabilité de ce qui s'est passé à des personnes ou des institutions, mais plutôt de définir les causes et les circonstances ayant entraîné la pénurie de certains produits de première nécessité. «C'est la première fois qu'un travail d'une commission parlementaire aboutit à un résultat palpable. La commission a été créée pour faire un travail précis et non pour régler des comptes à des personnes ou pour en blanchir d'autres», se réjouit-il. Celui-ci observe que les visites effectuées par les membres de la commission au niveau des unités de production des produits, objet de pénurie, ont révélé que parmi les dysfonctionnements enregistrés figuraient le manque de certains produits de large consommation importés ou produits au niveau national et le déséquilibre en matière de distribution. Il met, également, en cause les dysfonctionnements des circuits de distribution et l'informel qui prend des proportions de plus en plus alarmantes et le «monopole» exercé par certains opérateurs sur le marché national, estimant que cette situation a engendré une «faiblesse» dans l'organisation du marché. Cette enquête conforte ainsi la thèse du pouvoir qui ne cesse d'affirmer que les émeutes de janvier dernier n'ont aucune arrière-pensée politique. Kamel Rezgui soutient le contraire. Selon lui, la commission n'a pas enquêté sur les émeutes, mais sur la pénurie : «C'est la raison pour laquelle nous n'avons pas jugé opportun de prendre l'avis du ministère de l'Intérieur, mais seulement celui des ministres concernés par la problématique.» Il estime qu'il n'a pas été tendre avec le gouvernement. «Nous avons défini la responsabilité de chaque secteur, évoqué des carences dans la législation algérienne et exigé la révision de certaines dispositions, notamment en matière de subventions», dit-il.