La dernière étape de notre tournée dans la daïra de Fellaoucen fut la commune de Fellaoucen, chef-lieu de la daïra. A l‘instar des autres communes rurales «pauvres», Fellaoucen, cette commune qui a connu l'une des plus grandes batailles de la Guerre d'Algérie (la bataille de Fellaoucen) s'enlise dans les difficultés résultant d'un manque flagrant d'infrastructures créatrices d'emploi. A l'exception des prises en charge restreintes, dans le cadre de la politique sociale de l'emploi des jeunes, le chômage fait des ravages dans cette commune de 8000 âmes. Les jeunes que nous avons rencontrés évoquent à l'unanimité l'absence d'entités économiques pouvant leur offrir des perspectives d'emploi. «Nous sommes des adultes encore à la charge de nos parents», lâche, dépité, un jeune. «Je suis titulaire d'une licence. J'ai fini mes études en 2000 et, depuis, je traîne dans les rues», lance un autre. Nos jeunes interlocuteurs, rongés par le désespoir d'un avenir incertain, s'adonnent à la consommation des drogues et psychotropes. Une façon de noyer leur souffrance, disent-ils, en attendant des jours meilleurs. Les jours meilleurs c'est de quitter leur village! Bien que les échos de l'étranger se fassent de plus en plus acerbes, nos jeunes interlocuteurs, tourmentés par cette situation de prostration, désirent avec véhémence émigrer pour tenter leur chance de l'autre côté de la Méditerranée. Au chômage et à la pauvreté, s'ajoute le déficit manifeste en matière de structures culturelles et sportives pouvant combler le vide auquel sont confrontés les jeunes du village. Le transport en commun et scolaire est une autre insuffisance qui perturbe considérablement le quotidien des citoyens. En matière de santé, les structures sanitaires existantes (salles de soins, polycliniques) ne sont plus en mesure d'offrir des services de santé adéquats et de qualité. Les habitants déplorent aussi le manque d'une annexe de la CNAS. Une autre carence qui fait que les assurés de Fellaoucen continuent à galérer vers Nédroma pour une contrevisite médicale ou le simple dépôt d'une feuille de maladie. En matière de développement susceptible d'améliorer un tant soi peu le cadre de vie des citoyens, la situation est peu reluisante : le réseau routier est dans un piteux état, l'alimentation des foyers en eau potable se fait une fois par semaine en plus de l'absence totale des lieux de détente et de jardins pour enfants ! Autant d'indices qui laissent supposer que cette commune manque de tout.