Critiqué pour son film « Normal », le réalisateur Merzak Allouache a eu un comportement désagréable et ignoble avec la presse. Oran De notre envoyé spécial
Il est connu que Merzak Allouache, qui tourne en rond depuis plus de vingt ans, n'aime pas être critiqué pour son travail. Mardi soir, à la salle Saâda à Oran, ce cinéaste algérien a voulu faire un show au lieu de débattre sur son dernier film, « Normal », une fausse fiction complètement ratée. Pourtant « Normal » a été sélectionné pour le cinquième Festival d'Oran du film arabe (FOFA). « Il y a des journalistes qui travaillent sur les ordres qu'on leur donne. On leur dit tel film laissez le de côté, on laisse sortir mais n'en parlez pas trop », a-t-il accusé. Des preuves ? il y en a pas. Merzak Allouache, 67 ans, prétend vouloir combattre « la censure » et « l'autocensure » dans le cinéma. Mais, il n'a pas hésité à pratiquer lui-même la censure, en direct et devant le public d'Oran, mardi 20 décembre 2011. Il a attaqué avec une rare virulense Mounir Lâaradj, journaliste à Canal Algérie, qui l'a interpellé sur un mensonge relatif à des « plages de passe » du côté de Tipaza montrées dans le film et d'exagérer la vérité. Merzak Allouache n'a pas trouvé mieux que d'accuser le journaliste de…jalousie, de haine et de dépit. Et, bien sûr, il a profité du micro qui lui était tendu pour régler ses comptes avec la télévision algérienne. Nabil Asli, un comédien encore peu connu, a, lui aussi versé dans le discours à la petite semaine, en accusant la presse d'avoir été complice du pouvoir lors des émeutes de janvier 2011. Selon son analyse, les médias ont relayé l'idée d'« émeutes du sucre et de l'huile » pour diminuer de la contestation des jeunes. Nabil Asli, un nouvel opposant ? On ose à peine le croire. « Notre film, « Normal », fait connaitre l'Algérie et son histoire », a-t-il dit sûr de lui. Ce n'est pas ce que nous avons vu à l'écran ! Mounir Lâaradj de Canal Algérie a déclaré que grâce aux médias algériens la comédienne algérienne Adila Bendimerad, castée dans « Normal » également, est aujourd'hui plus au moins connue. « Lorsqu'elle était installée à Paris, personne n'entendait parler », a-t-il dit. Adila Bendimerad a, elle aussi, attaqué la presse lui reprochant de ne pas soutenir les artistes « algériens ». Empêchant l'envoyé spécial d'El Watan de poser ses questions sur le film, Merzak Allouache, entouré de ses « comédiens » préférés, a eu cette réflexion : « Je n'aime pas vos écrits, je sais pourquoi vous écrivez et je sais pour qui vous travaillez ». Protestant contre cette attitude hautaine et scandaleuse, tous les journalistes présents ont quitté la salle, laissant l'agresseur face à un public médusé. En dehors de la salle, les nombreux spectateurs sont venus soutenir les journalistes et dénoncer l'arrogance d'un cinéaste dépassé par la marche du monde. « De toute façon, nous n'avons pas aimé ce film. C'est l'importe quoi. Ils insultent gratuitement les algériens »,nous a confié un jeune comédien oranais. Qui ose contre dire cet avis ?