D'une actualité brûlante non seulement ici mais dans tout le continent africain, le film tout neuf " Harragas " de Merzak Allouache a remporté le Palmier d'Or à la 30e édition de la Mostra de Valence (Espagne) consacrée au cinéma méditerranéen. Le réalisateur du mémorable " Omar Guatlatou " empochera dès samedi à la faveur d'une réception, un chèque de 40.000 euros dont est doté ce trophée. " Harragas " ou les brûleurs était en compétition aux côtés de plus de 12 films de 13 pays méditerranéens. Déjà très bien accueilli par le public lors de sa projection, ce film raconte l'odyssée de la traversée clandestine de la Méditerranée d'un groupe de jeunes à bord d'une pastera avec l'espoir d'atteindre les côtes espagnoles, à partir d'une vision collective et austère proche du documentaire. "J'ai voulu parler d'un phénomène général, un drame qui touche beaucoup les jeunes des pays du Maghreb et de l'Afrique subsaharienne. Je ne parle pas des motivations de la traversée mais de la traversée elle-même", avait-il souligné lors d'une conférence de presse, en présence des protagonistes de son film. Encore tout neuf, "Harragas " de Merzak Allouache qui vient à peine d'être mis en boite, a déjà participé à la 66ème édition du festival de la Mostra de Venise qui a eu lieu le 12 septembre dernier. Ce long métrage tourné en grande partie en Algérie, ne sortira apparemment pas de sitôt en salle, puisque comme le veut la tradition, il fera le tour de quelques festivals du monde. " Harragas " ou "brûleurs ", ces jeunes qui flambent leur vie après tout pas si amusante que ça, commence à être l'un des thèmes qu'explorent de plus en plus écrivains, journalistes et cinéastes, mais sans pour autant proposer de façon concrète des solution, à ces nouveaux " boat people". Tous, s'en tiennent à l'observation, au sentimentalisme et à une narration simple des faits. Après son flop de téléfilm, " Babor Dzair " à propos duquel un réalisateur algérien a dit qu'avec "une caméra de surveillance on aurait fait beaucoup mieux", Allouache revient sur un sujet certes très actuel mais encore abordé de façon frileuse. Le cinéaste qui vit en France depuis plus d'une décennie et qui s'est fait remarquer au tout début de sa carrière par son , " Omar Guatlato" un film culte qui cassait alors avec le cinéma révolutionnaire d'après-guerre, revient ainsi sur le devant de la scène du 7ème art, car il est certain que ce prix là en appellera d'autres comme un effet boule de neige. On l'a d'ailleurs déjà vu avec "Mascarade " de Lyès Salem qui revient à chaque fois depuis le début avec un petit trophée, et " Rachida " de Yamina Bachir Chouikh. "Notre histoire raconte l'odyssée d'un groupe de jeunes Algériens qui traversent clandestinement la Méditerranée", précise le site officiel du film qui donne aussi le synopsis suivant : " Pour échapper à tout prix au chômage et au mal-vivre, quatre jeunes Algériens, dont une fille, et six autres candidats venus du sud du Sahara, entreprennent de traverser clandestinement la Méditerranée avec l'espoir d'atteindre le sud de l'Espagne, antichambre de l'Eldorado européen. Après Tamanrasset qui met en scène une équipe française partie tourner une campagne de pub dans le Sahara algérien et qui est témoin du trafic et du racisme dont sont victimes les clandestins subsahariens, le nouveau film de Merzak Allouache s'attache à l'odyssée d'une dizaine de "brûleurs" qu'on appelle Harragas. Pour le cinéaste, "ces nouveaux "boat people" sont le symbole du drame que vit la jeunesse algérienne tiraillée entre l'islamisme radical qui crée le kamikaze, l'émeute collective qui embrase très souvent les villes et les villages, le suicide individuel ou la fuite en groupe par tous les moyens d'un pays qui semble figé et n'offre plus rien à ses enfants ". Banal comme récit, mais ce n'est qu'un synopsis. Le film produit entre autres par Libris, une jeune boite française soutenue par l'organisme Meda, Canal+…a été tourné à Mostaganem dans l'ouest algérien ainsi qu'à Sète, Frontignan, et le Languedoc-Roussillon.Il faut savoir que sur le même thème, l'an dernier, le Centre culturel français d'Alger a proposé un documentaire de 42 minutes, intitulé "Le Piège ". Coréalisé par Kays Djillali et Djamel Benramdan, cette oeuvre est un travail de commande fait par une ONG italienne, le Cisp (Comité international pour le développement des peuples). " La nuit sur la figure " compte également parmi les œuvres qui abordent ce sujet là, à travers des portraits de migrants. Réalisé par le photographe algérien Djilali Kays et préfacé par Yasmina Khadra, ce livre rassemble un tas de témoignages des immigrants africains afin de connaître et sonder ce rêve qui les enflamme et qu'ils paient de leur vie. "Harragas " de Merzak Allouache est également à mettre aux côtés d'un autre film, " Welcome Europa" qui est sorti en mars dernier. Avec ce film, Merzak Allouache habitué à poser ses caméras dans son quartier fétiche de Bab El Oued, l'ancien centre d'Alger, -Bab El Oued City, Bab el web etc-, explore un autre territoire complètement nouveau comme il a eu à le faire à travers un autre flop, "L'Autre monde". Le film de Allouache a réuni de jeunes comédiens pas spécialement connus à l'exemple de Nabil Asli (Rachid), Seddik Benyagoub (Nasser), Mohammed Takerret (Hakim), Lamia Boussekine (Imène), Okacha Touita (Hassan). Harragas dure 90 minutes. Yasmine Ben