17 années après la tragique disparition de Safia Kettou, les associations culturelles de sa ville natale, avec le soutien de la direction de la culture, ont organisé (afin que nul ne l'oublie) un colloque pour lui rendre hommage, une sympathique rencontre de deux jours qui avait pour thème « la singularité d'une femme créatrice ». Cette manifestation a reçu une très large audience et s'est déroulée dans une remarquable convivialité. En ces journées de souvenir, les intervenants tels que le Dr Makhlouf Ameur, écrivain et poète venu de Saida, l'écrivain Khelifa Benamara et Chami Med Elhabib ont su, par leur talent et pour quelques instants, nous faire ressusciter Safia Ketou. Il l'ont fait par une lecture de ses poèmes au style pur et ciselé, par ses nouvelles au rythme pénétrant ainsi que par des détails tirés du réel qui, assez souvent, ont constitué la substance de ses récits, à l'exemple du recueil « Amie Cithare », réunissant quelques 67 poèmes, « la planète mauve et autres nouvelles », dédié, nous dit-on, à Pablo Neruda. La source du désert Avant d'être rappelée à Dieu, de son vrai nom Rabhi Zohra, qui s'était tragiquement donnée la mort au pont de Telemly, un 29 janvier 1989 à l'âge de 45 ans, lasse et incapable de supporter davantage son mal, avait régulièrement publié des poèmes dans la presse nationale tout en collaborant soit avec l'APS, Horizon où avec Algérie Actualité. Par cela et par l'éclat des mots, elle semblait toujours chercher une source dans le désert et ce tout en ayant largement écrit et décrit, à travers ses nouvelles aux couleurs chaudes, son autobiographie, notamment dans « la femme abstraite », « la légende de Ryma » et « cri d'encre ». D'une imagination féconde, la porte de sa délivrance et de sa liberté restait sans doute l'écriture. « Que c'est triste d'être femme », dira-t-elle dans l'une de ses phrases brûlantes. Les oeuvres complètes de Safia Ketou, nous a-t-on appris, seront éditées le mois de mars prochain. Néanmoins, aujourd'hui comme hier, le souvenir de Safia Ketou réside encore dans bien des mémoires.