Sollicitée par le gouvernement algérien pour dépêcher ses observateurs en prévision des prochaines législatives, l'Union européenne pose ses conditions. Elle souhaite préparer à l'avance l'envoi de sa délégation. Un souhait qui semble déjà exaucé par les autorités. C'est ce qu'a laissé entendre le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, lors de son passage hier sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. Le chef de la diplomatie algérienne a, en effet, annoncé l'arrivée, dans les prochains jours, d'une mission de précurseurs de l'Union européenne pour étudier la préparation de la surveillance des prochaines élections. «Ils auront toute latitude de poser les questions qu'ils souhaitent pour bien se pénétrer du cadre institutionnel et organisationnel. Par référence à ce cadre, ils feront des observations. Nous allons signer un mémorandum d'entente qui consignera les conditions dans lesquelles les observations seront faites. Des conditions de transparence, de liberté et de responsabilité. Ce n'est qu'après qu'on passera à la mission d'observation. Celle-ci n'est pas un moment, mais un processus de plus en plus précis, pas uniquement pour l'Union européenne, mais pour d'autres institutions», a déclaré M. Medelci. L'enjeu est grand. Sachant qu'il sera surveillé de partout, le pouvoir algérien tente de montrer «sa bonne volonté» en associant le maximum d'observateurs étrangers. Critiqué à maintes reprises par la majorité des partis politiques, le gouvernement semble vouloir divorcer avec les anciennes méthodes d'organisation des élections où les efforts en matière de transparence laissaient à désirer. Medelci répond aux dirigeants de l'ex-FIS Cette fois-ci, estime Mourad Medelci, même la Ligue arabe, dont les observateurs n'ont jamais convaincu la classe politique nationale, «aura à cœur que la prochaine mission d'observation en Algérie soit plus importante et plus précise». «Nous sommes tous invités à faire preuve de plus d'ouverture et de plus de sincérité. C'est ce que nous devons à notre peuple (…). Le président de la République a donné des instructions pour que ces observateurs puissent travailler en toute liberté avec les effectifs qu'ils peuvent déployer sans contrainte aucune de notre part», dit-il. M. Medelci révèle, dans ce sens, le souci du pouvoir à prouver «la transparence» des prochaines législatives. «Il faut être plusieurs pour restituer la vérité telle qu'elle s'est déroulée. Cette vérité doit pourvoir être appréciée par les Algériens et par les étrangers. Cela donne du crédit à cette vérité amère ou douce. Il y a, parmi les observateurs étrangers, ceux qui ont précisé les systèmes dans lesquels ils doivent fonctionner. C'est le cas notamment de la Ligue arabe et de l'Union européenne. Aujourd'hui, les systèmes d'observation sont mieux organisés et plus fins et, par conséquent, donneront de meilleurs résultats», précise-t-il. Revenant sur les menaces des dirigeants de l'ex-FIS de recourir aux instances internationales pour revenir sur la scène politique, M. Medelci précise : «La communauté internationale ne peut pas ignorer l'histoire. Et l'histoire a été douloureuse pour ce pays. Aujourd'hui, fort heureusement, nous avons transcendé tout cela et nous l'avons fait au terme d'un référendum sur la réconciliation nationale qui a clarifié les choses. Ce référendum a tracé un certain nombre de lignes rouges. Ces lignes sont respectées par les lois algériennes, y compris celles qui viennent d'être revues», rappelle-t-il. Et d'ajouter : «Chacun est libre de prendre les initiatives qu'il veut. L'Algérie est souveraine. Elle n'a, durant la décennie noire, reçu d'aide d'aucune partie, ni maghrébine, ni arabe, ni musulmane, ni occidentale. Alors je crois, et c'est un fait établi, qu'elle est sortie de ce drame d'elle-même (…). Elle n'a pas de leçon à recevoir.»