Dans un communiqué rendu public hier, le Comité national des marins pêcheurs et poissonnier (CNMPP) a mis en évidence le silence des ministères de la Pêche et de l'Environnement au sujet «des massacres de nos forêts pour alimenter le trafic des caisses en bois». Citant la promulgation, en juin 2010, d'une loi interdisant l'utilisation des caisses en bois sur l'ensemble des ports algériens, le communiqué relève qu'en dépit des «délais accordés aux mandataires pour se conformer aux nouvelles dispositions», pourtant émargée par trois ministères – ceux de la Pêche, de l'Agriculture et du Commerce – n'est toujours pas appliquée, sauf au port et à la pêcherie d'Alger où seules les caisses en plastique sont utilisées. Usant d'un langage direct, le CNMPP s'interroge également sur ce qu'il qualifie de «laisser-aller caractérisé» en relevant que «des semi-remorques et des camions chargés de caisses en bois continuent de circuler librement et d'entrer aux ports sans être inquiétés». Une situation que le communiqué assimile à une véritable mise à sac «de plusieurs espèces d'arbres, tels le sapin, l'eucalyptus et le peuplier qu'on abat clandestinement pour servir de matière première pour ce genre de caisses». Le CNMPP conclut par un appel au président de la République pour «mettre fin à cette hémorragie qui nuit considérablement à la santé du consommateur et à notre richesse forestière». Approché par El Watan, Hocine Bellout, président du CNMPP, a accepté de revenir, avec plus de détails, sur certains aspects liés au problème des caisses en bois. «Comment se fait-il que ces caisses en bois continuent à être livrées aux ports en toute impunité ? Des livreurs écoulent à ce jour leur marchandise en sillonnant les routes, de Bou Ismaïl à Oran, à Skikda ou vers d'autres ports encore. Des menuiseries ambulantes opèrent à Boumerdès, à Collo, Oran, Tipasa…. Ces réseaux utilisent le bois des forêts locales qui vivent actuellement un grave phénomène de déforestation», a-t-il ajouté. Et de préciser que la loi en elle-même est insuffisante, si elle n'est pas appuyée par des mesures d'accompagnement. «En Europe, lorsqu'on a décidé d'éradiquer les caisses en bois et d'opter pour celles en plastique, les Etats membres avaient pris la peine de doter l'ensemble des mandataires de caisses en plastique. Nous appelons nos responsables à en faire de même pour mettre chacun devant ses responsabilités», a-t-il conclu.