Les prix de l'or noir sont soutenus par les tensions entre les pays occidentaux et l'Iran, accusé de travailler à la mise au point de l'arme atomique. Téhéran a menacé, la semaine dernière, de bloquer le détroit d'Ormuz, un canal stratégique par où transitent entre un tiers et 40% du trafic maritime pétrolier mondial, ajoutant aux incertitudes. Des tensions persistantes qui ont eu leur impact sur le baril de brent qui a atteint, le 3 janvier, 112,59 dollars, son niveau le plus élevé depuis le 15 novembre 2011. Une situation qui renseigne sur les graves conséquences que pourraient avoir, sur les prix de l'or noir, des sanctions européennes contre l'Iran. La décision qui touchera le deuxième producteur de l'OPEP derrière l'Arabie Saoudite pourrait en effet faire bondir les cours du brut de plusieurs dizaines de dollars, estiment des analystes. Un risque majeur, notamment pour les économies occidentales empêtrées dans des crises multiples et dont la relance ne peut s'amorcer avec une tendance haussière des prix du brut. Il faut savoir que l'Iran produit quelque 3,5 millions de barils par jour et exporte environ 2,5 millions de barils par jour, dont près de 18% sont destinés à l'Europe. Ces dernières années, l'Iran s'est tourné vers l'Asie pour faire baisser sa dépendance par rapport au marché européen. Les conséquences de l'arrêt des livraisons iraniennes de pétrole vers les pays européens sont à rapprocher de tous les épisodes semblables liés aux tensions géostratégiques. Les récents événements en Libye ont, par exemple, induit une forte hausse des prix du brut qui a gagné jusqu'à 25 dollars par baril. Des hausses qui sont difficiles à intégrer dans des projections de croissance mondiale, basée actuellement sur un prix de référence de 100 dollars. Le ministre iranien du Pétrole, Rostam Qasemi, cité par l'hebdomadaire Aseman, fait pour sa part des projections très inquiétantes pour les pays consommateurs en avançant le prix de 200 dollars que pourrait atteindre le baril en cas de nouvelles sanctions occidentales contre Téhéran. «Il ne fait aucun doute que le prix du pétrole va augmenter de façon drastique et les marchés mondiaux vont payer le prix fort», a-t-il déclaré. Ces propos interviennent alors qu'une éventuelle décision sur un nouveau train de sanctions contre Téhéran pourrait être annoncée à l'occasion de la prochaine réunion des ministres européens des Affaires étrangères, le 30 janvier à Bruxelles. L'Union européenne a indiqué, début décembre, qu'elle envisageait d'imposer de nouvelles sanctions à l'Iran s'il ne s'engage pas à coopérer avec la communauté internationale sur son programme nucléaire controversé. Mais les Européens demeurent divisés sur la nécessité ou non d'imposer un embargo sur le pétrole iranien. La France et l'Allemagne défendent l'idée d'un embargo sur l'achat de brut iranien, mais certains pays européens s'y opposent fermement ; ils avancent des craintes liées à la flambée des cours du brut induites par un déséquilibre de l'offre et de la demande et mettent en avant des arguments liés à la santé de leurs économies, déjà fragilisées par la crise. Téhéran vend quelque 450 000 barils aux Européens, essentiellement à l'Italie qui dépend à plus de 40% du pétrole iranien (180 000 barils), à l'Espagne (160 000 barils) et à la Grèce (100 000 barils) De plus, la recherche d'autres sources de substitution, venant d'Arabie Saoudite (qui s'est déclarée disposée à fournir plus de barils) et de Libye, reste aléatoire et ne tranquillise pas totalement les pays européens réticents. Il faut savoir que la production libyenne, qui reprend progressivement depuis la fin du conflit, n'atteint pas encore les 1,6 million de barils produits en janvier 2011. Selon certaines estimations, la Libye ne produit actuellement que 800 000 barils par jour. Quoi qu'il en soit, les prix du brut ont déjà commencé à prendre une courbe ascendante. Les menaces de l'Iran de fermer le détroit d'Ormuz en cas de sanctions européennes ont poussé à la hausse le brent de la mer du Nord pour livraison en février. Le baril de pétrole a atteint, hier, au cours d'échanges européens, 111,58 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 55 cents par rapport à la clôture de mardi, après être monté à 112,59 dollars. Dans les échanges sur le New York Mercantile Exchange, à 14h15 GMT, le baril de light sweet crude pour livraison en février s'échangeait à 102,65 dollars, après avoir atteint quelques heures auparavant 103,15 dollars, un plus haut depuis le 17 novembre 2011.