Cela fait trois mois que les inspecteurs du travail relevant de la wilaya de Blida sont sans salaire : «Nous voulons que le paiement soit à terme échu, que nous ayons le droit aux fiches de paie comme tout fonctionnaire respectable. Pour obtenir une attestation de travail ou une ATS, il faut attendre presque trois mois. N'en parlons pas aussi des remboursements des frais médicaux ! C'est absurde, alors que nous-mêmes nous veillons à ce que les droits des travailleurs soient respectés !», s'étonne un inspecteur de travail sous couvert de l'anonymat. Ce calvaire bureaucratique qu'endurent les inspecteurs de travail de la wilaya de Blida s'étend aussi à tout le personnel du corps commun de cette administration. «Une femme qui a consommé un congé de maternité de 98 jours, plus prolongation d'un mois et ayant enchaîné avec le congé annuel s'est vu recevoir son ATS de la direction régionale d'Alger cinq mois après la formulation de sa demande, et les exemples sont légion!», assure-t-on. Des inspecteurs de travail mettent à l'index le nouveau découpage de 2006 qui a engendré toutes ces lourdeurs et ces dysfonctionnements bureaucratiques. «Avant 2006, notre région était formée de trois wilayas : Blida, Médéa et Tipasa. Toutes les procédures administratives en interne ou avec les acteurs externes en corrélation avec notre direction, qu'ils relèvent du corps de l'exécutif ou des entreprises, fonctionnaient avec la fluidité qu'il faut. Maintenant, on est sept wilayas dépendant toutes d'Alger, et c'est à vous d'imaginer ce qui s'ensuit», de consensus, défend-on. Aussi, faut-il évoquer le problème du personnel féminin qui refuse souvent de couvrir leurs zones sous prétexte d'être agressées physiquement, surtout quand il s'agit d'entreprises implantées dans des endroits reculés. Au-delà de ce qu'ils qualifient de «piètres miettes» en matière d'œuvres sociales et d'allocations familiales et en sus de l'absence des indemnités de risques, des inspecteurs de travail s'interrogent également sur le sort de la subvention du bureau international du travail (BIT) ainsi que des cotisations annuelles versées jusqu'en 2008 au Syndicat national autonome des inspecteurs de travail (SNAIT). «Le Snait n'est ni dissous ni fonctionnel. En 2008, la plupart des membres de ce syndicat ont été promus dans diverses directions de wilayas à travers le pays. Depuis, les versements, qui sont à hauteur de 400 DA par inspecteur, ont cessé. On devrait en ce temps-là et comme tout responsable qui se respecte procéder à la passation de consignes à travers une assemblée générale pour constituer un nouveau syndicat. Hélas, et c'est bien connu, nos responsables, dès qu'ils sont bien au chaud dans leurs nouveaux postes avec en sus logement de fonction et véhicule de service, après eux, c'est le déluge», se désole un inspecteur de travail.