Beaucoup de questions restent sans réponses autour de ce changement de Premier ministre et de ses conséquences politiques, sociales et économiques. Ce changement pose cependant des questions pour le futur plus qu'il n'apporte de réponses. Les rumeurs donnaient certes le patron du RND, tantôt «coupable» d'avoir fait de l'ombre au président, tantôt de mollesse face aux grands dossiers, comme quasi partant. Des signes avant-coureurs annonçaient cette issue. Ouyahia était absent lors de la visite du Vénézuélien Chavez et il l'était aussi récemment avec la visite du Premier ministre turc, Erdogan. En outre, il n'a pas présenté, comme cela devait être fait, la déclaration de la politique générale devant les députés. Mais personne n'aurait parié sur Belkhadem surtout lorsque tout le monde s'accordait à dire que le profil du futur chef de file de l'exécutif devrait être celui d'un bon technocrate qui aura à sa charge la lourde tâche de préparer dans la transparence, les échéances électorales de 2007. Une échéance sur laquelle le tandem FLN-MSP nourrit tous les espoirs d'où leurs tirs croisés depuis plusieurs jours à l'adresse d'un Chef du gouvernement doublé de la casquette fort encombrante du chef du RND. Fait curieux, Belkhadem et Soltani étaient parmi les fervents partisans de la désignation d'un technocrate à la tête de l'exécutif ! Belkhadem est, en plus d'être le chef de file du FLN, le représentant personnel du président. Son homme de confiance. Est-ce alors le triomphe du FLN ? L'agonie du RND ? La fin de l'alliance présidentielle ? En tout état de cause, ce brusque changement replonge la scène politique dans l'incertitude la plus totale. Des questions demeurent en suspens. Ouyahia, considéré comme affaibli, est parti en déclarant son soutien indéfectible au président de la République. Il annonce sa disponibilité à tout moment pour des tâches futures si on daigne faire appel à ses compétences. Belkhadem, qui était en désaccord sur plusieurs points avec Ouyahia, a, pour sa part, déclaré peu après à la presse qu'il avait été chargé par le président de la République de former la nouvelle équipe gouvernementale «qui sera connue sous peu». Va-t-il sacrifier les ministres RND sur l'autel du changement et la très probable révision de la Constitution et, le cas échéant, le RND ne devrait-il pas, à l'approche du cap de 2007, se préparer à affûter ses armes pour entrer de plain-pied dans la «vraie opposition» ?