Le ministre du Travail se targue d'avoir créé plus d'un million d'emplois en une année. Devant le portail fermé du ministère, les employés lésés racontent à haute voix l'humiliation subie quotidiennement par les jeunes diplômés, obligés de subsister avec des salaires de «misère». Une cinquantaine de jeunes, employés dans le cadre des différents types de contrats de pré-emploi, ont observé, hier, un sit-in devant le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité Sociale. Un dispositif de sécurité impressionnant a encadré cette action de protestation. Les jeunes protestataires scandaient des slogans dénonçant leur malvie et leur désespoir. Des policiers n'ont pas hésité à les bousculer. Après quelques heures de contestation, Mme Falil, secrétaire générale du comité des travailleurs du pré-emploi et du filet social, a été arrêtée ainsi que d'autres délégués. «Monsieur Louh, dégage !», criaient à tue-tête les délégués des travailleurs en contrat de pré-emploi, venus des 48 wilayas. Retour à la case départ Ces personnes adhèrent au Comité national des travailleurs du pré-emploi et du filet social du Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap). «Nous demandons l'intégration», «Stop au pré-emploi», pouvait-on lire également sur les banderoles brandies par les protestataires. Devant le portail fermé du ministère, les employés lésés racontent à haute voix l'humiliation subie quotidiennement par les jeunes diplômés, obligés de subsister avec des salaires de «misère». «Je suis titulaire d'un ingéniorat et je travaille comme adjoint de l'éducation dans un CEM», révèle un participant à ce sit-in, venu de Chlef. «Le pire ce n'est pas d'expliquer comment nous faisons pour survivre avec 9500 DA par mois, mais plutôt le contrat qui arrive à terme dans quelques mois», s'inquiète-t-il. «Je serai de nouveau à la case de départ, donc pas du tout sorti de l'auberge. Ces contrats de pré-emploi sont en principe une phase de préparation pour un poste permanent et non une salle d'attente pour revenir au statut de chômeur. C'est notre principale revendication», tient-il à préciser. Les syndicalistes qui se sont succédé pour prendre la parole ont témoigné des conditions médiocres dans lesquelles ils sont réduits à travailler. «Je fais le même travail que mes collègues, mais je ne perçois que la moitié du SNMG», dénonce une employée de l'administration à Oran. «Le ministre se targue d'avoir créé plus d'un million de postes d'emploi en une année. Pourquoi cache-t-il le fait que ces employés seront chômeurs dans quelques mois ?», s'indigne un intervenant. Les syndicalistes ont également fait part des retards pris dans le versement des salaires. «Il y a des pères de famille qui menacent de s'immoler, ils sont surendettés et n'ont plus les moyens de donner à manger aux leurs. Nous ne sommes pas venus demander des augmentations pour des salaires de 40 000 DA. Nous voulons juste des postes de travail avec le salaire qui va avec», scande la secrétaire générale du comité. Selon le syndicat, 600 000 travailleurs sont en pré-emploi et sont encadrés. L'encadrement concerne uniquement les travailleurs du secteur de l'administration publique. «Nous avons été interdits de frôler le territoire du secteur économique public et privé», précise Mme Falil.