Le rôle de « médiateur » de l'Union européenne dans la crise israélo-palestinienne est-il arrivé à échéance avec l'arrivée au pouvoir en Palestine des islamistes du Hamas ? Par quel jeu subtil de la diplomatie l'UE va-t-elle réussir à concilier deux positions politiques diamétralement opposées que sont celles du Hamas palestinien et du gouvernement israélien ? C'est tout le pari que va tenter de relever, aujourd'hui et demain, le Conseil européen devant les députés du Parlement européen, réunis en plénière à Bruxelles. Mais le conseil devra, au cours de cette plénière, s'exprimer également sur le dossier du nucléaire iranien, le Liban, la Syrie et devra « s'expliquer sur sa décision de ne pas rendre public le rapport sur Jérusalem-Est, rapport réalisé par des diplomates de l'UE et consacré à la situation dans la zone occupée par Israël depuis 1967 ». C'est sur toutes ces questions que les élus européens sont appelés à adopter des résolutions. L'UE, qui a convaincu ses « alliés » du Quartette (USA, Russie et ONU) lors d'une réunion avant-hier à Londres, d'accorder un délai de deux à trois mois au prochain gouvernement Hamas pour qu'il revoie son attitude vis-à-vis d'Israël, a déjà reçu un niet catégorique du mouvement islamiste. Deux à trois mois (le délai demandé par le président Mahmoud Abbas et accepté) durant lesquels l'aide financière européenne et celle de l'ONU seront maintenues. Après cela, l'UE comme le Quartette attendent du prochain gouvernement Hamas qu'il reconnaisse l'Etat d'Israël, renonce au terrorisme (résistance pour les Palestiniens) et désarme ses milices. Le Hamas a vite répondu depuis Gaza. « Le problème principal, c'est l'occupation israélienne et non le choix démocratique fait par le peuple palestinien. Les conditions du Quartette servent les intérêts d'Israël et pas ceux des Palestiniens », a déclaré Mosheer al Masri, porte-parole et député du mouvement. Ainsi, alors que l'UE avait déjà fort à faire avec les dossiers du nucléaire iranien et de l'assassinat de Rafic Hariri, elle se trouve au pied du mur avec l'arrivée du Hamas au pouvoir. C'est que l'UE, à la différence des USA qui ont une position claire sur ces dossiers, agit avec la prudence qui lui est coutumière et qui n'est pas pour clarifier ses relations avec le monde arabe.