A l'occasion du 50e anniversaire des relations diplomatiques entre le Japon et l'Algérie, l'ambassade du Japon à Alger organise un vaste programme culturel soulignant cette commémoration, notamment des spectacles et des communications sur le fameux théâtre Nô. Une série de représentations et de conférences sur le célèbre et ancestral théâtre Nô et plus précisément la pièce Kakisubata (Iris) à la salle Ibn Zeydoun de Riadh El Feth, Théâtre régional d'Oran et une vulgaruisation à l'Université de Bouzaréah et à l'USTO (Université des Sciences et de la Téchnologie d'Oran). Nô est un théâtre traditionnel japonais datant de 600 ans. L'Unesco a inclus le Nô sur la liste de la première proclamation des Chefs-d'œuvre du Patrimoine Mondial Immatériel en 2001. Nô représente un des styles théâtraux les plus hautement recherchés dans le monde. Au XIVe siècle, sous le patronage du Shogun de l'époque, Ashikaga Yoshimitsu, Kan-Ami a inventé la forme originelle du théâtre Nô, en intégrant les folklores, les danses et les musiques qui étaient populaires à cette époque. Son fils, Ze-Ami, lui a succédé et a développé ce qu'a initié son père et parvenu à la forme actuelle du Nô. La forme du Nô complétée par Ze-Ami établit le concept du «Yougen», qui signifie quelque chose qui reste profond sous la surface et trop sombre pour voir. Le concept a aussi une connotation de la tendresse, de l'élégance et de la beauté sophistiquée et réservée. Beauté cachée Ze-Ami a écrit un grand nombre de pièces, dont la plupart sont régulièrement jouées aujourd'hui encore. Il a écrit aussi un livre intitulé Kaden-sho, livre qui apprend comment réaliser la beauté des fleurs dans le théâtre. C'est un manuel sur les adresses et les méthodes nécessaires pour les acteurs du Nô et aussi un traité sur les arts et la beauté réalisés à travers le Nô. Dans ce livre, Ze-Ami écrit : «La beauté des fleurs doit être cachée ; quand elle est cachée, les fleurs paraissent plus belles». C'est l'essence du Nô. Dans le théâtre Nô, toutes les expressions sont très réservées. Par exemple, les acteurs expriment leur sentiment de la tristesse seulement en penchant légèrement leur visage masqué et en mettant leur main devant leur face. On dirait que le Nô est une sorte de théâtre abstrait qui est comparable à quelques styles modernes du théâtre. «Ancien mais nouveau» est le théâtre Nô. Il y a environ 250 pièces qui se jouent dans le répertoire d'aujourd'hui. On peut les classer en cinq catégories selon les sujets : pièces de dieux, pièces de samouraïs, pièces de femmes, pièces des vies diverses et pièces des entités supranaturelles. Kakitsubata (Iris) est une pièce qui appartient aux pièces de femmes. Cette catégorie est considérée comme étant la plus poétique et du plus haut niveau d'expression de «Yougen». Les fleurs du «mâle» L'intrigue de de la pièce Kakitsubata (Iris) ? Un jour, au début de l'été, un moine bouddhiste en déplacement de Kyoto (capitale de l'époque) vers la région de l'est (aujourd'hui, Tokyo) découvrit que les Kakitsubata (Iris) sont en pleine floraison le long du pont et de la rivière de Yatsuhashi, dans l'Etat de Mikawa (aujourd'hui, préfecture d'Aichi). Quand il regardait ces belles fleurs, une femme de village apparut et lui raconta que le nom du village était Yatsuhashi (huit ponts) et qu'il était célèbre pour la beauté des Kakitsubata (iris). Elle expliqua que, jadis, le poète Ariwara no Narihira* fit un Waka (poème) pour louer la beauté des Kakitsubata (Iris). Puis, elle invita le moine chez elle. Dans sa maison, elle apparut en belle robe avec une couronne brillante. Elle dit que la couronne était le souvenir d'Ariwara no Narihira et que la robe, celui de son amante, Takako no Kisaki. Surpris par ses mots, le moine lui demanda qui était elle. Elle révéla qu'elle était l'esprit de Kakitsubata (iris). Elle expliqua qu'Ariwarano Narihira était l'incarnation de Kabu-Bosatsu (une sorte de dieu de chanson et de danse en bouddhisme) et que, grâce à son poème, même les fleurs comme elle qui n'ont pas de conscience peuvent aller au paradis. Elle raconta alors les aventures amoureuses d'Ariwara no Narihira décrites dans les Contes d'ISE, en jouant une belle danse connue comme «danse de l'amour». A l'aube, elle disparut…
Réprésentation de la pièce Kakitsubata (Iris) : *Salle Ibn Zeydoun de Riadh El Feth Jeudi 19 janvier à 18h30 *Théâtre régional d'Oran Samedi 21 janvier à 18h30 Conférences et démonstration du Théâtre Nô *Université de Bouzaréah-Alger- Mercredi 18 janvier à 15h *Université des sciences et de la Téchnologie d'Oran (USTO) Dimanche 22 janvier à 15