La troupe japonaise de danse Kikunokai s'est produite hier sur la scène du Théâtre national d'Algérie, à 15h et à 19h30. Un public nombreux – beaucoup d'enfants – est venu admirer la grâce et la précision des danseurs et danseuses aux costumes raffinés. La première partie du spectacle est basée sur le nô, un art théâtral dramatique hautement stylisé, chanté et dansé, dans lequel la beauté du mouvement et de la voix est à son point culminant. C'est ainsi qu'on verra Shakkyo (le pont en pierres), l'une des pièces les plus connues de la danse japonaise qui raconte le mythe éternel du lion, roi des animaux et prédateur qui domine ses proies et précipite ses lionceaux dans la vallée pour qu'ils deviennent forts. Lors de cette danse, les lionceaux à crinière rouge, devenus adultes comme leurs parents, lions à crinière blanche, dansent ensemble en tenant des branches de pivoine, la reine des fleurs. Et Tsuri onna (la pêche aux femmes), pièce plutôt burlesque, relatant l'histoire d'un seigneur et son serviteur qui, tous deux célibataires, prient le dieu de la fortune Ebisu Saburo pour trouver les bonnes épouses. Le premier en « pêche » une splendide, alors que le second a nettement moins de chance avec sa canne à pêche. La seconde partie du spectacle est consacrée à la danse et au chant folkloriques. La danse traditionnelle japonaise, vieille de quatre siècles, est caractérisée par la complexité de ses codes esthétiques et la beauté somptueuse de ses costumes. Umi haruka nippon wo odoru (Danse du Japon, loin à travers les mers), Iwai daiko (Tambours de célébration), Arashi no jokyoku (Prélude à la tempête)… sont autant de morceaux où le thème récurrent est la mer. La mer houleuse, la mer dangereuse, la pêche abondante, les pêcheurs risquant leur vie… C'est que le Japon est entouré de mers et d'océans, lesquels représentent l'environnement principal des Nippons. A travers la danse et les tambours, les vagues se déchaînent sur la plage ou la caressent délicatement : le grand tambour ô-daiko, le moyen chû-daiko et le tambour serré à cordes shimé-daiko, accompagnés par la flûte mélodieuse. Ou encore des sarashi, des sortes de longs drapeaux blancs, virevoltent comme des vagues dans les mains des gracieuses danseuses… Le spectacle de Kikunokai est une plongée délicate, dans la plus pure tradition du pays du Soleil-Levant. Un véritable moment d'enchantement.