Beaucoup plus célébré naguère à l'ouest du pays, Yennayer s'ancre davantage dans les us à Béjaïa et dans toute la Soummam. Il a gagné toutes les chaumières. Un repas y est dédié. Le rituel n'a pas encore consacré un menu. Qui, un couscous au concassé de fèves et poulet, ou dinde, qui Timqetaft et bouzelouf,… Les marchés étaient pris d'assaut tôt ce jeudi matin et les marchands de volailles avaient bien le sourire au coin. On a fait comme pour Moharrem et le jour de l'an grégorien : on a bien sûr donné aussi des ailes à la mercuriale. Etudiants, potaches et collégiens ont pour la majorité pris congé. Une partie du secteur de l'administration les a imités. Notamment dans la haute Soummam. Dans la législation, le jour n'est pas encore férié. Mais la rue lui en a donné le caractère. Il n'y avait qu'à voir tout ce joli monde flânant allégrement sur le Front de Mer. Ou prenant d'assaut les terrasses de café jouxtant la jetée. Presque que des enfants accompagnés de leurs mamans. La promenade du Front de Mer n'a pas connu pareille affluence depuis la fin des grandes vacances. Un air de fête du 8 Mars. Un air que renvoie autant l'après-midi récréatif organisée à la Maison de la Culture. Le programme a ouvert, au niveau de la grande salle, sur un gala spécial femmes animé avec forts décibels par les chanteurs Kripou et Wissam. La compagnie théâtrale Kateb Yacine de Tizi Ouzou a pris le relais avec la pièce intitulée Tawaghit al mumnine, une réalisation signée Cherfi. Un spectacle scénique riche en mouvements où les différents tableaux résument les inconsistances du quotidien de l'algérien et projettent l'exil ou l'abandon. A la Maison de la Culture les festivités de Yennayer ont commencé en fait le mardi avec expositions, conférences, one man show, récital de poésie et acewiq, repas traditionnel … Au théâtre Abdelmalek Bouguermouh est présenté le monologue Urgagh mutegh. Le texte de Mohia est adapté de la célèbre pièce de Molière Le malade imaginaire. Mis en scène par Hassiba Dahmoune Allam. Il est interprété par un comédien du TRB, Samy Allam. Même si les programmes de festivités demandent d'avantage à être peaufinés, qu'ils restent à particulariser, ils est dit que Yennayer 2962 ne passera pas pour autant inaperçu dans la moindre ville et village de la Soummam, à l'instar de Ighil H'mama, à Seddouk, où, couscous de solidarité, joutes sportives, galas et conférences ont marqué l'évènement. Cavalerie berbère À Ighzer Amokrane, chef-lieu de la commune d'Ouzellaguen, fidèle au rendez-vous annuel, l'association d'activités de jeunes Horizons a célébré Yennayer 2962 du 11 au 14 de ce mois par l'organisation d'activités culturelles et sportives ayant enregistré une large adhésion de la population locale. La reconstitution d'une habitation amazighe dans l'antre de l'ex-cinéma de la ville a particulièrement attiré l'attention des visiteurs qui n'ont pas manqué de goûter sur place aux mets traditionnels concoctés par onze participants à un concours de plats traditionnels. Pour Na Ounissa, l'un des membres du jury, «l'idée de perpétuer la tradition en rappelant aux générations juvéniles cette richesse culinaire du terroir est louable. Tabazint suvquq, Tizemmit, Aghrum Ujedjig, Seksu Uvissar et Rfis sont des plats traditionnels succulents dont les recettes méritent d'être sauvegardées car elles ne se préparent que rarement de nos jours». Le mode de vie ancestral des kabyles a été ainsi remis au goût du jour par l'exposition de mannequins des deux sexes vêtus d'habits d'antan, d'objets et articles de l'époque. On aura remarqué l'exposition d'objets ayant constitué l'essentiel du décor paysan d'hier et qui ne sont plus d'usage aujourd'hui, comme Tafeqluct, Azduz-Tadut, Tasirt, Tagursa, Tafala, Taruka et Iqebqaben. Un détachement de cavalerie berbère constitué de guerriers armés de lances, d'épées et de boucliers escortant leur roi numide hissé sur un char de combat défilant sur un fond musical du terroir s'est inscrit désormais dans la tradition de la célébration de Yennayer. «Une représentation théâtrale, une projection de film, une exhibition de full-contact, une chorale, un cross toutes catégories confondues, un gala artistique et un feu d'artifice la veille du nouvel an berbère sont aussi au programme», fait remarquer Kamal Djerroud, responsable du patrimoine au sein de l'association. Signalons la participation des associations socioculturelles Amaynut d'Ighram et Tighri N Tiwal de Beni Maouche avec, respectivement, des expositions d'objets traditionnels et de photos.