Les dirigeants du mouvement palestinien Hamas, large vainqueur des élections législatives de mercredi dernier, se sont lancés dans une vaste offensive pour convaincre ceux qui demandent à l'être, rassurer ceux qui ont fini par nourrir des craintes à son égard en raison de son discours intransigeant ou de propos à son égard, briser certains clichés, et casser certains mythes comme cette aide internationale, perçue comme un moyen de chantage. En ce sens, Ismaïl Haniyeh, tête de liste du Hamas aux élections législatives, n'y est pas allé avec le dos de la cuillère. « Cette aide ne peut être brandie comme l'épée de Damoclès au-dessus du peuple palestinien et ne peut servir à faire du chantage à notre peuple, au Hamas et à la résistance », a-t-il déclaré. M. Haniyeh, ancien chef de cabinet du cheikh Yassine, fondateur du Hamas assassiné en 2004 par Israël, a ajouté que le Hamas était déterminé à conserver ses armes et à résister à l'occupation israélienne. Une réponse directe au président américain. Les Etats-Unis ont menacé de réduire cette année le montant de l'aide allouée aux Palestiniens. « Il faut qu'ils se débarrassent de cette branche de leur parti qui est armée et de la violence, et ensuite il faut qu'ils se débarrassent des aspects de leur programme se fixant pour objectif la destruction d'Israël », a déclaré le président américain George Bush. Des responsables européens ont laissé entendre eux aussi que si le Hamas refusait de déposer les armes et de reconnaître Israël, cela pourrait affecter les relations entre l'Union européenne et l'Autorité palestinienne. « Les armes et la résistance sont des problèmes liés au maintien de l'occupation, et tant que l'occupation existera, le peuple palestinien aura le droit de se défendre et de résister à l'occupation », a clamé Ismaïl Haniyeh. Khaled Mechaâl, chef du bureau politique du mouvement, a affirmé lui aussi depuis Damas que « la force palestinienne protège son peuple et résiste à l'occupation. C'est cela son rôle et là sa responsabilité ». Selon lui, le mouvement ne peut pas « se soumettre à des pressions pour la reconnaissance d'Israël, car l'occupation n'est pas légitime et nous n'abandonnerons pas nos droits ». Les accords d'Oslo « sont caducs et enterrés », a-t-il dit, ajoutant : « Nous voulons libérer notre terre, El Qods, et nous tenons au droit au retour (des réfugiés), au refus de la colonisation (israélienne), à l'option de la résistance et aux armes de la résistance ». Quant à la position du Hamas concernant l'établissement d'un Etat palestinien, il a affirmé qu'il fallait être patient et travailler « petit à petit » pour le « recouvrement de nos droits et l'établissement d'un Etat souverain ». Par ailleurs, Mahmoud Zahar a déclaré samedi qu'il ne considérait pas les Etats-Unis comme un ennemi et que le président Bush détenait la clé de la paix dans la région. « On ne considère pas l'Amérique comme notre ennemi », a déclaré ce responsable dans une interview à la chaîne de télévision américaine CBS, effectuée depuis sa maison dans la bande de Ghaza. Mahmoud Zahar a affirmé que son groupe recherche auprès du président George W. Bush « l'instauration de la justice. Croyez-moi, les gens vont faire le lien entre ce qui se passe en Irak, en Afghanistan et en Palestine. Cela ne va pas servir les intérêts américains ». M. Zahar a déclaré que le président américain détenait la clé de la paix dans la région. Il n'y a personne dans le gouvernement israélien qui ait suffisamment confiance en nous pour se lancer dans une négociation, a estimé Zahar. Le responsable palestinien a affirmé que le Hamas est « prêt à instaurer un Etat indépendant, dans n'importe quelle zone libérée de l'occupation (israélienne), mais qu'on n'acceptera aucune agression contre nous ». « Donnez-nous une chance de vivre comme des êtres humains » et les attaques suicide contre Israël « prendront fin », a-t-il averti. Certainement galvanisé par ces pressions, Israël a ajouté hier les siennes. Le Premier ministre israélien par intérim, Ehud Olmert, a en effet exigé hier que le mouvement Hamas annule sa charte appelant à la destruction d'Israël. « Nous exigeons que le Hamas annule sa charte et reconnaisse le droit d'Israël à vivre dans des frontières sûres et reconnues, ainsi que tous les accords, ententes et engagements de l'Autorité palestinienne », a affirmé M.Olmert au début de la réunion hebdomadaire de son cabinet. M. Olmert ne s'embarrasse nullement de contradictions au sujet des frontières et des engagements internationaux. Quelles sont justement les frontières d'Israël, une question à laquelle il sera incapable de répondre ? Israël refuse d'évacuer les territoires palestiniens et arabes, et envisage même d'annexer de nouveaux territoires en Cisjordanie. C'est lui qui entend établir de manière unilatérale les frontières du futur Etat palestinien, si bien entendu celui-ci venait à exister. ` Quant au second point, c'est bien le Premier ministre israélien démissionnaire, Ariel Sharon, qui a décrété la mort du processus de paix d'Oslo, dont il ne restait absolument rien, ses prédécesseurs travaillistes ayant œuvré à le vider de sa substance. Le règlement de telles questions aiderait à baliser le chemin de la paix.