La démarche de conciliation engagée le 13 novembre 2011 par Bamako avec les rebelles touareg maliens revenus du front libyen après la chute du régime de Mouammar El Gueddafi n'aura finalement rien donné. Pis encore, les hostilités ont repris de plus belle, hier, entre les deux parties après une trêve de plusieurs mois. Un groupe de rebelles touareg a «accroché» hier, à proximité de la ville de Ménaka, dans le nord-est du Mali, près de la frontière avec le Niger, une unité de l'armée malienne. Les combats ont duré près de quatre heures. L'objectif des rebelles touareg était vraisemblablement de prendre le contrôle de la localité. Avant d'engager les combats, les insurgés ont pris soin de couper les communications téléphoniques avec la ville. Les assaillants ont toutefois été contraints de battre en retraite après l'intervention, en début d'après-midi, d'un hélicoptère de combat de l'armée de l'air malienne. «Un hélicoptère de l'armée a bombardé une position des bandits armés à Ménaka. Deux de leurs véhicules sont calcinés. Ils ont pris la fuite. Des renforts se dirigent vers les lieux», a affirmé à la presse une source militaire basée à Gao, ville située à l'ouest de Ménaka où siège l'état-major de l'armée malienne pour cette région, ajoutant que 4 rebelles touareg ont été arrêtés. Rébellions cycliques
A rappeler que, dans le but de prévenir une éventuelle résurgence de la rébellion touareg dans le nord du Mali, Bamako y avait dépêché en novembre dernier des notables. Le but : connaître l'état d'esprit des habitants de la région qui, ont annoncé plusieurs sources, étaient sur le point de reprendre les armes. Cette région est, rappelle-t-on, confrontée, depuis le début des années 1990, à des rébellions cycliques des Touareg. Une délégation d'élus du nord du Mali avait commencé par entamer une mission «d'écoute et d'apaisement» à Kidal, une région connue pour son hostilité envers le pouvoir de Bamako. Selon un programme fixé d'avance, la délégation s'était rendue à un cantonnement de Touareg armés revenus de Libye et qui acceptent le processus de paix dans le nord du Mali. Ces élus sont allés ensuite à la rencontre d'autres Touareg armés, qui, une fois de retour de Libye, ont refusé de se cantonner, préférant rejoindre les montagnes du désert en signe de colère. Mais pour parer à toute éventualité, Bamako avait envoyé, parallèlement à ces consultations, des renforts en hommes et en matériel de l'armée malienne dans la région. Pas plus loin que la semaine dernière, l'armée a encore renforcé ses positions à la frontière algéro-malienne. En accédant à cette localité, elle est passée par la zone montagneuse de Zackac où étaient installés des groupes de rebelles touareg. Ils ont abandonné leurs positions et se sont éparpillés en trois groupes. «C'est l'un de ces groupes qui a attaqué Ménaka. Il n'est pas exclu que les autres groupes attaquent à d'autres endroits», a précisé une source indépendante à la presse. Les autorités maliennes ont, rappelle-t-on, décidé de (re)prendre le dossier touareg à bras-le-corps après notamment qu'un accrochage fut survenu le 6 novembre 2011 entre l'armée nigérienne et des hommes armés dans le nord du Niger. D'après plusieurs sources, ceux-ci étaient «surtout des Touareg maliens revenus de Libye». Lors de cet accrochage, il y a eu 13 morts et 13 capturés dans les rangs de ce groupe armé. Un élu touareg d'Agadez avait aussi signalé «la présence d'ex-soldats libyens en fuite» parmi ces hommes armés.