L'exécutif à majorité FLN de la commune de Bab El Oued a pris le « risque » de présenter publiquement, jeudi dernier, à la salle Tamgout, son bilan pour l'année 2005. C'est vraisemblablement une première initiative dans la capitale. L'absence du wali délégué de Bab El Oued, qui n'a pas l'habitude de rater les événements qui se déroulent dans sa circonscription, a été remarquée. Le premier bilan présenté après 4 ans d'exercice du pouvoir a soulevé beaucoup de critiques de la part des présents. L'exécutif a été même accusé « d'enfermement ». La séance, non suffisamment médiatisée, a failli tourner court. Le président de l'APC, M. Babou, qui s'est donné à une lecture harassante d'un document de 15 pages, a été interrompu à plusieurs reprises par l'assistance dont la majorité a quitté la salle avant même le début des débats. « La défaillance des citoyens a facilité la tâche à l'exécutif communal qui s'en est tiré à bon compte », commente, dépité, un président d'une association. D'entrée, M. Babou a indiqué que la moitié des habitants de la commune doit être évacuée. Selon ses estimations, 100 000 habitants vivent dans un espace de 1,2 km2 de superficie. Ce qui donne, en moyenne, une densité de 83 personnes/m2. Cette importante densité démographique constitue un handicap au développement de la commune. Cette dernière est dépourvue de toutes les infrastructures nécessaires. Pas de bibliothèque communale, ni de stade, ni de centre culturel. Le premier magistrat de la collectivité explique cette situation paradoxale par le manque d'assiettes pour la concrétisation des projets. Pour l'exécutif, la question la plus sensible à Bab El Oued reste le problème du logement. « La situation du logement est explosive », indique le P/APC. « Les projets de construction de logements destinés aux habitants de la commune, inscrits en 2000, n'ont jamais démarré, alors que des gens ont des décisions de préaffectation », ajoute M. Babou. Le bilan de l'APC fait état du transfert de 2933 dossiers à la wilaya déléguée qui, après étude, a refusé 1175 demandes de logement pour, notamment, des changements d'adresse des demandeurs et postulants non connus. « La commune de Bab El Oued n'a bénéficié d'aucun quota de logements dans le cadre du programme quinquennal », précise-t-il. L'autre casse-tête qui a soulevé la colère des présents est le dossier relatif à la réhabilitation des bâtisses touchées par le séisme du 21 mai 2003. Le maire a rétorqué que la commune de Bab El Oued n'a pas été répertoriée par les autorités comme une municipalité sinistrée où 10 bâtisses, occupées par 135 familles, ne sont toujours pas évacuées. Il a noté, en outre, que l'opération est sous la direction de la wilaya qui a délégué ses missions à l'OPGI de Bir Mourad Raïs, en ce qui la concerne. Pour boucler la boucle, la commission de l'urbanisme ne s'est jamais réunie pour passer en revue tous les problèmes du patrimoine immobilier de plus en plus vétuste. Le maire a avoué que l'APC ne peut rien faire par manque de prérogatives et surtout de financement. Le budget initial de la commune pour l'année 2005 était, selon le bilan présenté, de l'ordre de 20 millions dinars. Près de 75% (14,8 millions dinars) du budget sont absorbés par la masse salariale. Les services de l'APC, constitués de 9 directions, font travailler 990 personnes dont 514 contractuels. « En dépit de cet effectif énorme, l'APC a besoin de renforcer ses services notamment ceux en contact direct avec les citoyens », ajoute le bilan. Le manque de financement a poussé, fait-on remarquer, l'APC à ne s'occuper que de l'aménagement de placettes publiques. Par ailleurs pour contenir le commerce informel, l'APC ambitionne de lancer un projet d'un marché couvert à la place du dépôt de la commune, sis à la rue Ali Medjkane. Deux marchés de proximité sont également inscrits. Les marchés Trois Horloges et Stambouli seront aussi réhabilités. Pour atténuer l'affluence sur le service d'état civil de la commune, 4 antennes administratives sont programmées à El Kittani, au 12, boulevard Commandant Mira, à la rue Rachid Kouache et au quartier des Eucalyptus. L'exécutif a une année pour concrétiser tous ces projets.