Un immeuble à la rue Mohamed Ichallalen (ex-Jean Jaurès) à Bab El Oued s'est effondré tôt dans la matinée d'hier, faisant un mort, un jeune de 40 ans. « Les trois dernières dalles de l'immeuble de 5 étages ont cédé. La victime a été localisée à 8h30 et évacuée vers l'hôpital Maillot à 10h », ont indiqué les services de la Protection civile qui ne déplorent aucun blessé dans l'effondrement de ce bâtiment occupé par 16 familles. C'est le branle-bas de combat parmi les occupants de l'immeuble à la façade éventrée. « La victime, Hammouche Mourad, vivait avec ses parents. Il était célibataire. Aucune autorité ne s'est souciée des locataires. Rien ne leur a été promis. C'est la peur qui les a fait fuir de chez eux », s'emporte un jeune habitant de l'immeuble du n°24 de la même rue où se sont réfugiées les familles, éparpillées chez des voisins. Pour les habitants de l'immeuble, les responsabilités sont évidentes. « La structure a été classée dans la catégorie rouge 5 au lendemain du séisme de 1989 en raison des fissures constatées sur les murs porteurs. Elle s'est dégradée avec les inondations de novembre 2001, mais surtout suite au tremblement de terre de 2003. Sauf que rien n'a été entrepris par les services de la wilaya déléguée de Bab El Oued, encore moins par l'Apc. Nos interlocuteurs trouvent toujours des faux-fuyants », s'indigne-t-il. Un avocat qui possède un local au rez-de-chaussée est tout aussi offusqué : « C'est le 8 décembre de l'année dernière que l'Apc a convoqué les habitants, les enjoignant de ramener leurs dossiers dans les 48 heures, mais depuis cette date, rien de concret n'a été effectué par ces responsables. Ce n'est que plus d'une année plus tard, en septembre dernier, que les mêmes agents sont revenus nous voir. Là aussi, rien de spécial », indique notre interlocuteur. Les habitants sont montés au créneau au début du mois de janvier dernier lorsqu'une partie de la terrasse a cédé, suite aux intempéries de décembre 2007. « Les services de la police ont placé un cordon de sécurité au lendemain de la catastrophe sans que les familles n'aient été pour autant mises à l'abri », s'indignent les résidants. Sur place, hier, un élu de l'Apc de Bab El Oued s'est déplacé et a pris la défense de ses collègues de l'assemblée. La réplique des habitants fut acerbe : « C'est toujours la même rengaine qui nous est servie. Fermez le siège et transformez ces locaux en pizzerias. Là, au moins, vous allez servir à quelque chose. Les seuls coupables sont les services de la wilaya déléguée de Bab El Oued. Le wali délégué n'en a cure, il ne reçoit jamais », renchérissent les habitants. Par ailleurs, des sources affirment que le propriétaire aurait construit un étage sur la terrasse de l'immeuble, fragilisant encore plus les planchers. « Il est venu précipitamment hier (avant-hier) et a enlevé les portes et tout ce qu'il pouvait emporter. Ce matin, il a été embarqué par la police », affirme-t-on à Bab El Oued. D'autres immeubles de ce quartier martyr, situés à mi-distance entre Triolet et les Trois-Horloges menacent eux aussi de s'effondrer en raison des dernières pluies qui se sont abattues sur la capitale. « Le wali délégué de cette circonscription n'a pas jugé utile de s'enquérir de la situation des familles. Lors des commémorations des inondations, il s'est empressé de cacher les vérités à ses hôtes. En dépit des milliards de centimes engagés dans différents chantiers de restructuration et de rafistolage, Bab El Oued fait toujours parler d'elle par le nombre de ses victimes et ses sans-abri », lance, furieux, un jeune habitant de l'immeuble n°24, dont le frère réside dans l'un des appartements sinistrés. Plusieurs immeubles de Bab el Oued menacent de s'effondrer. Des inondations avaient fait des centaines de morts en 2001 à Alger.