Toutes les opérations ont été marquées par des protestations et des sit-in contre des listes qui comptent de nombreux indus bénéficiaires. D'inextricables problèmes liés à la crise du logement émergent, depuis quelques semaines, du lot des préoccupations majeures des habitants de Souk Ahras. Les sit-in, les regroupements devant les sièges de la wilaya et de la daïra sont devenus quotidiens, notamment depuis l'attribution des 999 logements que la commission compétente a voulu fractionner pour gérer les humeurs des mécontents. Il est utile de rappeler qu'aucun citoyen, comme d'ailleurs la presse, n'est au courant du nombre d'indus attributaires retenus par la commission des recours, encore moins des dérogations faites au profit de personnes non concernées par le barème de notation national. Si la majorité des contestataires déchaînés réclament seulement un gîte, pour d'autres, la chose est plus compliquée que cela. Au moins une centaine de bénéficiaires, clés en main, refusent de quitter leurs baraques ou leurs constructions menaçant ruine, prétextant l'absence des propriétaires légaux ou la vacuité des terrains qui, en fait, appartiennent soit à la commune, soit à la direction des domaines. Les bulldozers ont ratissé large, la semaine écoulée, et des hectares ont été récupérés suite à une opération de démolition des baraques dans les quartiers de Rebbahi, Diar Ezzerga, Akli et Ibn Rochd. Voici les propos d'un élu communal: «Pour éviter le retour des bénéficiaires des logements sociaux aux bidonvilles ou aux bâtisses menaçant ruine, nous avons lancé une opération d'envergure qui a donné des résultats satisfaisants. Plusieurs baraques ont été démolies et des constructions vétustes ont été interdites d'accès aux anciens locataires». Cela s'est passé sans heurts grâce à la présence des forces de l'ordre et des responsables communaux. Mais qu'en est-il des propriétés privées ? «Je n'arrive pas à récupérer mon bien ou même prévenir un sinistre pour mes six appartements qui sont en totale décrépitude, et pour cause, mes ex-locataires, tous bénéficiaires de logements refusent de les quitter», nous dit un propriétaire du centre-ville qui reconnaît un vide dans l'application des textes juridiques. Ce problème est aussi posé par rapport aux erreurs commises dans le traitement des dossiers d'étude et d'attribution, voire lors de la ventilation des bénéficiaires. Nouasria Hafsia est un cas parmi d'autres. Inscrite en 2005 au nom de son époux décédé avant l'opération d'étude des dossiers, elle a eu du mal à faire valoir son droit à cause d'une situation corrigée par elle-même mais non achevée administrativement au niveau de la daïra. Après une poussée d'adrénaline, elle n'a eu droit qu'à un F2, alors qu'elle détient encore les clés d'un F3. «Est-ce une sanction pour une erreur qu'elle n'a pas commise ? Ou se venge-t-on sur ceux qui réclament légalement leur droit ?» se demande son frère.