Depuis quelque temps, on remarque le manque criant d'activités culturelles au niveau de la wilaya d'Alger. Il y a plus d'une dizaine d'années, l'Epic Arts et culture avait été créé pour donner une impulsion en matière de développement et d'actions culturels à travers un réseau d'une soixantaine d'établissements. Un renouveau culturel consacré à la culture, dite de proximité, où les médiathèques ne chômaient pas en matière de lecture publique, rencontres littéraires, vernissage, activités musicales et théâtrales pour artistes en herbe et autres séances récréatives pour enfants. On se rappelle aussi des séminaires, des journées d'étude et des conférences qui tournaient autour de la culture, destinée à donner une dynamique nouvelle à la ville et ses écoles, et qui, par ricochet, tend à affirmer l'être social dans ses valeurs patrimoniales et historiques. Mais au risque de nous répéter, l'inaction semble, ces dernières années, prendre le pas sur l'initiative culturelle. Autant Arts et culture tenait à faire de la capitale un lieu de rayonnement culturel, à travers des programmes riches de ses médiathèques, autant l'établissement donne aujourd'hui cette impression d'essoufflement, voire de vide sidéral qui se résume au «ch'tih oua r'dih» pour reprendre ce vocable tant ressassé par certains «aigris» de la structure. Une structure «bunkerisée», en mal d'idées quant à son redéploiement et qui se complaît, au grand dam des artistes, dans une atmosphère de lassitude et où les 700 travailleurs baissent les bras en s'abandonnant à la fatalité. A entendre certains affiliés de l'Epic, les médiathèques se clochardisent et la culture se paupérise. Ils clament urbi et orbi que le devenir de l'établissement exige «un sursaut salutaire pour le sauver de la léthargie profonde dans laquelle il sommeille». L'Epic, censé être le support de l'expression culturelle du citoyen, notamment, s'enfonce dans la médiocrité et la gestion aléatoire, entend-on par-ci, par-là. Les manifestations culturelles ne sont mises sur pied que de manière circonstancielle, sinon confinées dans des concerts de «déhanchement», renchérissent-ils. Aussi, on ne peut se garder de s'interroger sur le climat de malaise qui lamine cette structure où les travailleurs manquent de cœur à l'ouvrage dans leur mission. Qui est responsable de cette dèche culturelle : l'homme ou sa politique de gestion ? L'on ne sait plus, sauf qu'on peut se permettre d'emprunter la citation de Savinien de Cyrano de Bergerac : «Peut-on être innocent, lorsqu'on aime un coupable ?» Cela n'est pas moins valable pour la Bibliothèque nationale du Hamma où l'animation est morne, voire au point mort depuis le départ de l'auteur de La chambre de la vierge impure.