Ness mechria (ou Gens vendus), une pièce théâtrale écrite par l'écrivain-journaliste, Bouziane Benachour, et mise en scène par l'enseignant en arts dramatiques à l'université d'Es Senia (Oran), Dr Lakhdar Mansouri, a été présentée au public vendredi dernier par le théâtre régional Kateb Yacine de Tizi Ouzou. Interprétée en arabe par les comédiens Mohamed Yebdari, Hasnaoui Fatma-Zohra, Ahmed El Aouni et Khalida Khelfaoui, la pièce, qui narre un drame social d'un jeune couple, décrit la séparation due aux circonstances de la vie, de la jeunesse, un âge en lequel on ne prévoit pas son avenir. La vie difficile du jeune époux, mènera ce dernier, Mediene, à abandonner sa jeune dulcinée, Mechria, en s'éclipsant dans un voyage sans horizon, qui aura duré une décennie. De rêve en rêve, Mediene ne se sent plus dans son élément. Conscient du drame dont il était à l'origine vis-à-vis de son premier amour, il tente le retour en usant et en «rusant», sous son faux état d'aveugle vagabond, pour reconquérir Mechria, la convaincre du bonheur qui les attendrait s'ils renouaient. Une poésie de mots et d'oralité qui les nourrissait avant le temps perdu, les plongeât dans les rêveries du passé. Mechria, en revoyant ce beau passé, est tentée après avoir redécouvert son amant au fil des questionnements de ce dernier. Mais revoyant toute la souffrance vécue, elle redevient rétive, n'en veut plus… Durant son temps d'esseulée, elle eut un enfant – garçon ou fille ? questionnait-il. Non, un garçon ! je l'ai vendu, non, des jumeaux ! des triplés ! répétait-elle, se fourvoyant dans les souvenirs de ses souffrances, de sa folie... Quoique brisée, Mechria, finit par montrer qu'elle est toujours généreuse, nature de femme à tout âge ! Présentée sous un décor de couleurs, entrecoupées de lumières dignes de réelles rêveries que prête harmonieusement la scène du théâtre Kateb Yacine, la pièce retiendra, durant plus d'une heure, le souffle des nombreux spectateurs, dont beaucoup de familles. Bouziane Benachour indique avoir monté beaucoup de pièces du genre et espère qu'il y aura encore d'autres montages, pas seulement à Tizi Ouzou, mais un peu partout dans d'autres régions du pays. «En venant à Tizi Ouzou, j'avais une appréhension d'échec pour la pièce du fait que le texte était en arabe. Finalement, tous mes préjugés se sont effacés. J'ai été doublement satisfait en découvrant qu'il y a en Kabylie de la culture orale, de l'intercompréhension et une assimilation du message. J'aspire ardemment à apprendre et écrire en kabyle à l'avenir. Il faut multiplier la production de pièces, en kabyle comme en arabe», dira Benachour.