Un report des élections législatives est-ce possible en ce moment ? Si c'est le cas, quel impact aura-t-il sur le reste des scrutins, notamment les élections communales ? Les partisans du report font l'impasse sur ces interrogations et pensent que cette question relève d'une volonté politique. «Nous ne demandons pas le report pour le plaisir de reporter, mais le report s'impose si l'on veut une Assemblée légitime», se défend le RCD. Si le parti de Saïd Sadi plaide pour le report des élections en raison de l'absence des conditions nécessaires pour leur tenue, d'autres partis politiques, notamment ceux en cours de constitution, souhaitent cet ajournement des législatives à une date ultérieure afin de mieux se préparer. Mohcène Belabès du RCD souligne que son parti a étudié dans le fond et la forme la question des élections législatives et il est arrivé à la conclusion qu'«aucun pays au monde ne peut assainir un ficher électoral en l'espace de deux mois, ni vérifier le financement d'une campagne électorale en un temps aussi court». «Il faut au moins six mois pour l'assainissement du fichier électoral. Trouvez-vous normal que l'on se base dans la préparation des élections sur un fichier électoral où une même personne est inscrite 3, 4, voire 10 fois», déplore le RCD qui est persuadé que ce stock de voix sera distribué entre les quotas retenus. Pour garantir une élection transparente sans fraude, il faut du temps et les moyens nécessaires. Néanmoins, le RCD n'ignore pas que le sort d'une élection se joue dès la première phase de sa préparation. «En plus de la présence des observateurs internationaux avant, pendant et après les élections, il faut aussi la vérification des financements des partis, mettre des garde-fous pour une administration neutre… Ces éléments nécessitent plus de deux mois», explique M. Belabès. Si ces conditions ne sont pas réunies, le RCD demeure convaincu que la prochaine Assemblée sera une énième chambre d'enregistrement. Mohamed Saïd, à la tête du PLJ, parti non encore agréé, souhaite lui aussi le report des élections, même s'il ne se fait pas trop d'illusions sur l'avenir de cette demande. Le PLJ envisage d'entrer «de plain-pied dans la bataille des législatives, mais pense que si les pouvoirs publics veulent réellement aller vers une Assemblée nationale représentative, il faut donner le temps qu'il faut aux partis politiques en cours de constitution pour mieux se préparer, d'autant plus que la mission majeure de la prochaine Assemblée portera sur la révision de la Constitution ; il faut associer un maximum de partis pour que nul ne remette en cause la prochaine Assemblée», note-t-il. S'agissant de l'impact d'un éventuel report sur les autres scrutins. Mohamed Saïd estime qu'il est fort possible de procéder au jumelage des élections locales et législatives comme il ne nie pas qu'un report pourrait engendrer un vide juridique. «Il y aura effectivement un vide juridique, mais c'est aux juristes de trouver une parade pour justifier ce vide juridique», affirme le chef de file du PLJ. Pour sa part, Sid Ahmed Ghozali, responsable du FD, un parti en attente d'agrément, est encore plus pessimiste. «Le report du scrutin ne sert à rien. On ne change pas les règles de jeu à la dernière minute. Certains éléments sont piétinés à l'avance», affirme l'ancien chef de l'Exécutif. Celui-ci pense que tant que l'Algérien n'est pas écouté, tant qu'il y a un détournement de sujet dominant sur la scène politique et l'exclusion des partis politiques des compétitions, les élections ne seront jamais transparentes. «Pour quelle raison l'administration refuse de nous délivrer notre agrément. La réponse est simple : nous sommes toujours dans le système des quotas et nous ne cautionnons pas cet état de fait», fulmine Ghozali.