Les partis politiques algériens veulent avoir un droit de regard sur le fichier électoral, grâce notamment à leurs bureaux installés dans les communes. Les formations de l'opposition considèrent que «le fichier électoral, uniquement entre les mains de l'administration, est la première porte conduisant à la fraude». Pour le Parti des travailleurs (PT), «les partis ont le droit de consulter les fichiers électoraux». «Le ministère de l'Intérieur n'a pas à leur en interdire l'accès», affirme le porte-parole du PT, Djelloul Djoudi. «Nous proposons dans ce cadre, ajoute-t-il, une double révision ordinaire du fichier électoral pour un meilleur assainissement». M. Djoudi indique que «la participation des partis politiques à l'élaboration du fichier électoral est plus que recommandée, et ce, des mois avant un scrutin». «Présentement, les délais ne sont pas suffisants», estime-t-il. Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) va plus loin ; il propose «l'assainissement du fichier électoral par des institutions indépendantes et internationales, sans la participation du ministère de l'Intérieur». Même si pour le département de Ould Kablia, cette idée n'est pas réaliste, voire pas «raisonnable», comme l'a affirmé à maintes reprises le premier responsable du secteur, pour le porte-parole du RCD, Mohcine Belabès, «seule une organisation autonome en gestion et en financement peut aboutir à l'assainissement du fichier électoral d'une manière fiable et crédible». En finir avec les irrégularités motive la démarche du parti de Saïd Sadi. «10% des électeurs sont virtuels. Des gens sont inscrits dans plusieurs communes, des personnes décédées ne sont pas radiées et dans des communes, on s'aperçoit qu'il y a de faux noms. L'assistance et la surveillance internationale restent les seules solutions pour garantir des élections transparentes», ajoute M. Belabès. Il rappelle qu'«en Tunisie, les élections, pour élire l'Assemblée constituante, ont été reportées à cause justement du fichier électoral qui n'était pas dûment révisé». «Il faut au moins six mois pour élaborer un bon fichier», avance-t-il. Du côté du Front de libération nationale (FLN), c'est un autre son de cloche. Le vieux parti pense que «l'opposition, faute d'argument, focalise son discours sur la non-fiabilité du fichier électoral pour crier, dès le lendemain d'un scrutin, à la fraude». «Nous appelons avant chaque élection, au plan local, nos militants et nos sympathisants à s'inscrire sur le fichier électoral», indique Aïssi Kassa, porte-parole de l'ex-parti unique. Le FLN se demande si les partis ont la capacité de réviser le fichier électoral et d'avoir droit de regard.