Pour le moment rien n'indique que la tenue des législatives sera reportée. Le Président de la République, si aucun changement de dernière minute n'intervient, procédera dans moins de 15 jours à la convocation du corps électoral pour la tenue du scrutin le plus contesté depuis l'avènement du multipartisme en Algérie. Jusqu'à aujourd'hui, rien n'a filtré d'officiel par rapport au report des législatives aussi bien du Palais du gouvernement que de la présidence de la République. Au contraire, les 11 commis de l'Etat qui forment la commission nationale de préparation des législatives vaquent à leur tâche d'organiser, paraît-il, les scrutins dans les délais. Le compte à rebours a donc commencé sur un fond de contestation et de divergence jamais atteint au sein de la classe politique. Ce constat fait de la tenue des législatives 2002 un défi pour le pouvoir et un bras de fer contre ceux qui boycottent et qui demandent leur report. Un défi qui doit être relevé, au moment où la Kabylie, les partisans du report et la situation de la coalition gouvernementale font, sans consentement, front contre le gouvernement. D'abord, les partis de la coalition n'ont jamais été aussi partagés, donc affaiblis. Si le FLN, le RND et le mouvement de Lahbib Adami soutiennent toujours le gouvernement quant à la tenue du scrutin, l'ANR et le PRA demandent ouvertement que les législatives soient ajournées. De l'autre côté, l'indécision du MSP de Nahnah, par rapport à cette question confirme la disparité des coalisés qui ne le sont point. En revanche, les partisans du report se renforce de jour en jour. Après le FFS, le PT, le RCD, le MDS, l'ANR et le PRA, plusieurs personnalités se sont également prononcés pour le report. Parmi ces dernières Taleb Ibrahimi, Sid- Ahmed Ghozali, le général à la retraite Benyelles, Abdelhamid Mehri, Ali Yahia Abdenour et l'ancien Chef du gouvernement, Mokdad Sifi qui, chacun de son coté, affirment que c'est une atteinte à la dignité des Algériens et un saut vers l'inconnu que d'organiser le scrutin. Il y a aussi la Kabylie qui continue sa contestation à travers les conclaves que les délégués tiennent clandestinement. Il faut, peut-être, ajouter d'autres éléments «perturbateurs» qui dérangent la bonne ambiance d'une élection aussi importante. Les 21 militaires qui ont été assassinés lundi, dans une embuscade tendue par un groupe terroriste au niveau de la commune de Moulay-Larbi, en est le fait plus important. Après-demain, et conformément au décret pris par Bouteflika, le Parlement en ses deux Chambres réunies, examinera le projet de loi portant révision constitutionnelle tendant à consacrer tamazight langue nationale. Une action positive qui a constitué la revendication de quelques partis à l'instar du PT. Admettons que le Parlement vote oui - ce qu'il fera sans doute - cela sera-t-il suffisant pour que le pouvoir tienne quand même à cette élection? Dans moins de 15 jours et si le Président de la République convoque le corps électoral, cela signifiera que la réponse est affirmative. C'est alors, qu'il est légitime, et tout de même inquiétant de s'interroger sur l'après-législatives 2002. C'est-à-dire de quoi sera fait le paysage politique durant au moins cinq ans, une fois les résultats du scrutin annoncés. Il faut dire que pour le moment rien n'indique que la tenue des législatives sera reportée. Ce scénario, ou tout au moins une partie, risque ainsi de se confirmer. On aura alors une Assemblée où siégeront trois partis islamistes (MN, MRN et MSP), mais aucun parti dit démocratique et une région du pays non représentée. C'est absolument là ou réside le coté périlleux du bras de fer gouvernement-contestataires. Juridiquement, la chose est faisable, dit-on. Mais elle l'est moins du point de vue politique. De toute façon personne ne peut dire que ce schéma n'est pas programmé pour être, après le 30 mai, une réalité.